Le coût économique global de la corruption pour le Sénégal est évalué à une perte de 307 milliards de francs Cfa entre 2007 et 2011, a révélé hier Jean-Michel Dufils, chef de mission de l’Usaid, lors du lancement de la campagne de sensibilisation et de plaidoyer sur les coûts de la corruption.
La corruption fait perdre au Sénégal d’importantes sommes d’argent. Reprenant une étude du professeur Abdoulaye Seck de la Faculté des sciences économiques et de gestion (Faseg), Jean Michel Dufils, chef de mission de l’Usaid a indiqué hier, lors d’un atelier de lancement de la campagne de sensibilisation sur les coûts du fléau, que «le coût économique global de la corruption pour le Sénégal est évalué à une perte de 307 milliards de francs Cfa entre 2007 et 2011. Sans compter les conséquences néfastes sur les plans social et environnemental». Et, ajoute M. Dufils, «les citoyens et les organisations qui en sont les victimes ignorent souvent l’impact réel sur leur vécu quotidien, en matière de santé ou d’éducation par exemple, et finissent par adopter une certaine tolérance, car ils se sentent impuissants pour intervenir».
Dans le dernier rapport de Transparency International, le Sénégal est passé de la 94ème à la 77ème place. «Cependant, toutes les études indiquent également que le combat contre la corruption reste loin d’être gagné au Sénégal», souligne Jean-Michel Dufils.
C’est pourquoi, le gouvernement sénégalais avec l’Usaid, l’Observatoire des acteurs non-étatiques pour la lutte contre la non-transparence, la corruption et la concussion, ainsi que l’Office national anti-corruption ont uni leurs efforts pour sensibiliser les populations sur les effets néfastes du fléau.
Les initiateurs de ce projet ont décidé de mener une campagne de sensibilisation sur les coûts de la corruption de février à avril 2014. Ce programme ciblera en premier lieu Dakar, Thiès, Kédougou, Ziguinchor, Kolda et Sédhiou. C’est «la théorie du changement» qui se met en place, selon Abdou Latif Coulibaly, ministre de la Promotion de la bonne gouvernance et des relations institutionnelles. Il s’agira avant tout de s’adresser à la population, puis au gouvernement et aux acteurs non-étatiques. 150 fonctionnaires intervenant dans les secteurs de l’éducation, la santé et la justice, qui sont les domaines les plus fortement touchés par le fléau, seront formés. Le ministre Abdou Latif Coulibaly affirme que «la bonne gouvernance doit être une réalité chez nous». Et de conclure: «J’ai le sentiment que quelque chose d’important est en train de bouger dans le pays.»