CAYAR - Le gouvernement sénégalais et les professionnels de la pêche sont unanimes sur la nécessité de protéger le secteur de la pêche contre les bateaux pirates, en durcissant la législation.
Jeudi, le quai de Pêche de Cayar (à 58 km de Dakar), troisième site de débarquement de produits de la mer au Sénégal, a été transformé en une place publique à l'occasion de la visite du président sénégalais Macky Sall. Venus en masse de tous les sites de pêche du Sénégal, les pêcheurs, les mareyeurs, les transformatrices de produits de la mer ne voulaient pas rater la première grande audience que le président Sall accorde à ce secteur.
L'importance de ce secteur dans l'économie sénégalaise justifie bien cette mobilisation. La pêche maritime au Sénégal génère annuellement 30% des recettes d'exportation du pays et contribue à hauteur de 12,5% du PIB du secteur primaire (2,5% du PIB total), selon le ministère de la Pêche et des Affaires maritimes.
Le segment de la production contribue à hauteur de 1,3% du PIB, et emploie 17 % de la population active, soit près de 600.000 personnes. 492.286 tonnes de produits de la mer ont été débarqués sur l'ensemble des côtes sénégalaises en 2011 par une flotte industrielle de 129 navires et une flotte artisanale de 10.455 pirogues.
Les exportations des produits de la pêche s'élèvent à environ 110.000 tonnes pour une valeur commerciale de plus de 143 milliards de FCFA.
Protéger ce secteur contre la piraterie est devenu donc impératif de survie. C'est pourquoi, l'apparition à Cayar du ministre de la Pêche et des Affaires maritimes, Haïdar El Aly, est accueillie par des chants et des cris de victoire. Ce militant écologiste s'est distingué ces dernières semaines avec l'arraisonnement de bateaux pêchant illégalement dans les eaux sénégalaises.
Devant le président sénégalais, les acteurs de la pêche ont salué la position de fermeté du gouvernement dans cette affaire.
"Notre patriotisme est symbolisé par notre appartenance à une nation de refus et de respect de sa dignité", a indiqué Adama Lam du Groupement des industriels et armateurs du Sénégal (GAIPES).
Samba Guèye, d'un autre groupement d'armateurs, FENAPEGIE, demande "l'arrêt total de la délivrance de licences aux bateaux étrangers".
Les pêcheurs, les transformatrices de produits de la mer ont abondé dans le même sens en demandant à l'Etat de renforcer les moyens de la marine sénégalaise pour la surveillance des eaux sénégalaises.
Face aux doléances du milieu de la pêche, le président sénégalais Macky Sall s'aligne et déclare la guerre aux bateaux pirates étrangers.
Pour marquer sa volonté de mettre fin à ce fléau qui gangrène le secteur de la pêche au Sénégal, il a engagé une révision du Code de la pêche pour le rendre beaucoup plus sévère à l'encontre des bateaux étrangers qui pêchent illégalement dans les eaux sénégalaises.
"C'est une politique que je vais faire respecter pour la préservation des ressources, particulièrement le petit pélagique", a expliqué Macky Sall.
Le chef de l'Etat a ajouté que des moyens importants vont être mobilisés pour renforcer l'équipement de la marine sénégalaise afin d'accroître la surveillance des pêches sur l'ensemble du littoral et des eaux territoriales sénégalaises.