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Religion et tensions sociales: Les sources du mal
Publié le vendredi 6 fevrier 2015  |  Sud Quotidien
Manifestations
© aDakar.com par DF
Manifestations contre les caricatures de Charlie Hebdo avec le PM
Dakar, le 24 Janvier 2015 - Le Premier Mahammad Boun Abdallah Dionne a pris part à la manifestation à la place de l`Obélisque pour dénoncer les caricatures du prophète Mouhamed par Charlie Hebdo. Près de 2000 personnes se sont rassemblées pour réaffirmer leur attachement au prophète de l`Islam.




Les communautés musulmanes sont depuis longtemps, pour ne pas dire depuis toujours, victimes de conflits internes. Lesquels sont liés parfois à la gestion des mosquées ou au choix de l’imam devant diriger les prières. En plus, le financement de l’Etat destinés à venir en aide à certaines communautés musulmanes, est parfois source de conflit. Ce que confirment des imams approchés et qui n’ont de cesse rappelé que l’islam est une religion de paix.

Les violences notées au sein de la communauté musulmane de Vélingara (sud du pays) sont de plus en plus notées dans d’autres parties du pays. Ce conflit qui remonte à vendredi 30 janvier dernier à Vélingara au quartier Ouest 2, a amené le préfet Amadou Mactar Cissé à décider de la fermeture de la mosquée Cissé. L’autorité administrative veut ainsi éviter « les risques d’affrontements et de troubles à l’ordre public entre musulmans sunnites et chiites ».

Selon les sources, le feu couvait depuis début décembre dernier quand, ne pouvant plus supporter la présence des Chiites à l’occasion de leurs séances d’invocation tous les jeudis après la prière du crépuscule dans « leur mosquée », les Sunnites ont opposé leur véto. Ils estiment que les Chiites, qui se rassemblaient jadis à l’institut Mozdahir international non loin du lieu de culte, ont investi leur mosquée tout simplement parce que leur guide Chérif Mouhamed Aly Aïdara a aidé à achever les travaux de sa construction et financé sa cérémonie d’inauguration le 5 septembre 2014.

Les deux communautés se sont opposées au point de vouloir en venir aux mains. Si ce n’est le problème de la rivalité entre les communautés pour le droit d’usage de la mosquée exercé par une communauté sur d’autres, la question du choix des « Imams » est assez souvent une autre source de division. Interrogés au sujet de ces fréquents écarts chez les musulmans, quelques Imams se sont prononcés pour situer les responsabilités. « Nous sommes des Tidianes, et nous n’avons pas de problèmes particuliers par rapport à ça ici. Pas de division ou de conflits d’intérêts. Mais chaque fois qu’il y a des problèmes quelque part ailleurs, c’est grâce à la gestion d’un financement reçu de l’Etat. C’est souvent une source de division », estime imam El Hadj Mamadou Makhtar Diallo : « Dieu a dit dans le Coran que tous les musulmans sont les mêmes. S’il y a des divisions c’est surtout parce que chacun a suivi son propre chemin. Tous ceux qui disent « Lâ ilâha ilâ Lâhou » (Il n’y a de Dieu qu’Allah) le font suivre de «Mouhammad RassouliLâh » (Mouhammad est Son Prophète). Alors s’il y a des différences, c’est nous mais la voie est unique », poursuit-il. Son homologue Alpha Sall, lui aussi Imam dans la même mosquée, n’a pas dit le contraire. «La raison des conflits dans les mosquées est souvent liée à des disputes au sujet des dons faits par l’Etat ou les bonnes volontés. Quand de l’argent arrive, certains veulent le partager entre eux et laisser les autres en rade. C’est souvent une source de conflit », dit-il.

CHOIX DES IMAMS, UN CASSE-TETE COMMUNAUTAIRE

Une autre source de conflit, est selon imam Sall « la question du choix des Imams». Il soutient que « si dans une même mosquée il y a des tendances qui se créent autour de ceux qui dirigent les prières, des problèmes surviennent toujours ».

A quelques encablures de là, Abdoulaye Wade, adjoint à l’Imam de la mosquée de la rue 7 à Grand Dakar, a pour sa part signalé que la division peut s’expliquer par un manque de dialogue. Pour lui, les musulmans doivent discuter, échanger et communiquer autour des valeurs qui fondent la religion. « Si un musulman voit son condisciple qui va à la dérive, il doit le rappeler à l’ordre. Les conflits existent là où les dialogues ne sont pas privilégiés. Nous aurions souhaité que tous les musulmans pensent de la même manière, mais chacun a son point de vue, ce qui est source des divisions observées. Si tout le monde s’accordait à respecter l’héritage du Prophète de l’Islam, il n’y aura jamais de conflits. Les musulmans ne doivent pas s’opposer au point d’en venir aux mains. Ce n’est pas bien. Tous les musulmans doivent être unis ».

Amadou Oumar Tall, Imam de la mosquée de la rue 7 à Grand Dakar, a invoqué le Coran pour recadrer le sens de la religion en ces termes: « La religion est une instruction venue directement de Dieu. Par conséquent, c’est une parole de vérité. C’est le Prophète Mouhammad (Psl) qui en a porté le message. Et avant d’être rappelé à Dieu, il a signifié aux musulmans qu’il leur a laissé une religion complète et limpide, de nuit comme de jour. Il n’y a rien d’obscure, car il a clairement expliqué le licite et l’illicite. S’il y a de l’obscurantisme, c’est grâce à Satan ou au plaisir égoïste ». Il renchérit : « Les musulmans sont malmenés par ces deux forces. Mais la principale mission de l’Islam est de réconcilier les humains. En émigrant de la Mecque, le prophète Mouhammad (Psl) a trouvé deux ethnies rivales à Médine (les Haouz et les Hazrat). Mais sur instruction de Dieu, il les a réunifiées. Grâce à sa médiation, ces deux ethnies juives jadis antagonistes sont devenues des plus que frères. Et l’Islam nous est venu d’Arabie mais le livre de Dieu est universel et un ».

LE SYNDROME D’IBLISS OU SATAN (ANGE MAUDIT)

Pour ce qui concerne les sources de conflits, Imam Amadou Oumar Tall, petit-fils de Cheikh Oumar Foutiyou Tall, a rappelé le cas d’Ibliss qui jouissait du statut d’archange avant sa révocation. « Il faut s’accorder à reconnaitre que si ce qui est arrivé à Ibliss arrive à l’homme, il peut y bien avoir des conflits. Car Ibliss était un notable parmi les anges, mais quand Dieu avait créé l’homme, Adam, et lui avait donné l’ordre de se prosterner devant lui, il avait refusé par égoïsme. Et c’est à partir de ce moment qu’il avait été dégradé. De la même manière, tout homme qui adopte un comportement similaire à celui d’Ibliss peut récolter les mêmes conséquences», prêche-t-il.

Avant de poursuivre son raisonnement : «Par exemple, quelqu’un qui pense détenir un savoir au point de refuser de s’aligner derrière un érudit peut créer la même situation de conflit, favorisant des tendances et des divisions. Un Imam doit être bien choisi. Mais le premier critère est le savoir, la connaissance ». Selon lui, « ce n’est pas normal qu’un profane dirige un érudit dans une mosquée ». Et de renchérir : « Si l’érudit refuse et qu’il y a des gens qui soutiennent le profane, il peut mener à une scission. Par ailleurs, si l’érudit est reconnu ne pas être de bonne moralité la communauté peut refuser qu’il la dirige. Si on lui signifie qu’on ne veut plus de lui, il doit arrêter de diriger la prière. Le prophète Mouhammad (Psl) a tout réglé dans sa mission de 23 ans ».

En définitive, la mission principale de la religion est de relier les humains à leur créateur. C’est la relation entre l’humanité et Dieu. D’ailleurs dans le Coran, le terme « dîyn » assimilable à la religion, est l’ensemble des indications, interdits et prescriptions de Dieu à l’humanité. En ce sens, sa mission principale, celle d’unir les communautés par la dévotion à Dieu, est détournée pour des intérêts crypto personnels. D’où la nécessité de dialoguer, d’échanger et partager les valeurs universelles de l’Etre Supérieur, Seigneur des mondes.

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