Le président sénégalais Macky Sall a demandé jeudi à son ministre de la Pêche et des Affaires maritimes, El Ali Haïdar, de lui présenter avant le mois d’avril prochain un projet de loi plus contraignante sur la pêche illicite.
Le chef de l’Etat, qui venait de rencontrer les professionnels de la pêche réunis à Kayar (région de Thiès), souhaite arriver à une législation dissuasive contre les bateaux pirates qui opèrent dans les eaux sénégalaises.
Ces dernières semaines, l’actualité sénégalaise est marquée par les développements de l’affaire de l’arraisonnement du bateau de pêche russe Oleg Naydenov par la marine sénégalaise.
Ce navire a été arraisonné le 4 janvier 2014 à 46 milles nautiques (85 km) du littoral de la Guinée-Bissau par les militaires sénégalais qui l’ont escorté jusqu’au port de Dakar. Les passeports des membres d’équipage -- 62 Russes et 20 Bissau-Guinéens -- ont été confisqués.
Il a été ensuite escorté jusqu’au port de Dakar en attendant le paiement d’une amende de 600.000 euros (393 millions de francs CFA) exigée par l’Etat du Sénégal à la société Phoenix, armateur du chalutier russe Oleg Naïdenov.
De son côté, le président du groupe parlementaire Benno Bokk Yaakaar (majorité), Moustapha Diakhaté, a demandé l’audition du ministre El Ali Haïdar, par la Commission du développement de l’Assemblée nationale pour des éclairages sur cet arraisonnement.
L’objectif de cette audition est également de savoir ‘’les mesures qu’il (le ministre de tutelle) entend prendre pour mettre au pillage des ressources halieutiques de notre pays’’, a expliqué M. Diakhaté.
De leur côté, les acteurs sénégalais de la pêche ont réclamé la mise en ligne de la liste de tous les bateaux sous licence, à l’instar de ce qui se fait dans certains pays ACP (Afrique, Caraïbes et Pacifique), en perspective du renouvellement de l’accord-cadre et d’un protocole d’accord de pêche entre le Sénégal et l’Union européenne (UE).
Il y a quelques mois, l’ONG Green Peace Afrique indiquait que ‘’depuis des décennies, les eaux ouest-africaines y compris celles du Sénégal, sont l’objet d’une surpêche dont les effets se font sentir sur les communautés locales’’.
‘’Après avoir surexploité les stocks de poissons dans leurs eaux territoriales, certaines flottes étrangères, en particulier celles russes, asiatiques et européennes quittent leurs propres zones de pêche et pénètrent dans les eaux territoriales des pays comme le Sénégal’’, selon l’organisation.
Au Sénégal, le secteur de la pêche maritime génère annuellement 30% des recettes d’exportation et contribue à hauteur de 12,5% du PIB du secteur primaire (2,5% du PIB total), occupe 17% de la population active et couvre jusqu’à 75% des besoins en protéines animales de la population.