La coordination de Syndicat autonome d’Enseignement supérieur (Saes) de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) a procédé à l’incinération de la loi cadre relative à la gouvernance universitaire adoptée à l’Assemblée nationale, le 26 décembre 2014. Devant le Rectorat hier, lundi 2 février, les enseignants affiliés au Saes n’ont pas fait dans la dentelle pour consumer cette loi «autonomicide» déjà, disent-ils, « promulguée ». Les camarades de Yankhoba Seydi soutiennent qu’une «partie des cendres sera dispersée ici au Rectorat. L’autre partie nous l’enverrons à qui de droit».
Devant le Rectorat hier, lundi 2 février, la section du Syndicat autonome de l’enseignement supérieur de Dakar se veut clair : « la communauté universitaire vous fait part du décès de la loi cadre n°18/2014 relative à la gouvernance universitaire ». Ces propos tenus par les enseignants déplacés en masse pour participer à la cérémonie d’incinération symbolisent « l’acte final d’une loi qui veut nous consumer ».
Le Saes vient de poser un énième acte pour continuer la lutte dans les 5 universités publiques du Sénégal : Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Université de Thiès, Université Alioune Diop de Bambey Université Gaston Berger de Saint-Louis et Université Assane Seck de Ziguinchor, en exigeant le retrait pur et simple de la loi qui piétine, selon le syndicat, ce que les universitaires ont de si cher : l’autonomie.
En attendant, la tenue d’une rencontre du bureau national à l’université Gaston Berger de Saint Louis pour donner suite à leur combat, les enseignants du Saes ont toujours défendu que le projet de loi n’a pas été étudié par les instances délibérantes des universités considérées comme les cellules de base de n’importe quelle université du monde.
Suffisant pour les syndicats d’enseignants du supérieur de dire que « la volonté manifeste est connue de tous avec cette loi. Nous l’avons consumée. Une partie des cendres sera dispersée ici au Rectorat. L’autre partie nous l’enverrons à qui de droit. »
Répondant aux allégations de leur ministre de tutelle, Mary Teuw Niane, concernant l’ouverture des universités à des gens issus du milieu socio-professionnel, Yankhoba Seydi, coordonnateur Saes de Dakar estime que « nous n’avons pas besoins d’une telle ouverture, puisqu’il y’a déjà un décret 70-11 du 13 octobre 1970 qui organise l’Assemblée de l’université avec 4 représentants du monde socio-professionnel. C’était même plus que suffisant ».
Avant de poursuivre : « on veut nous faire mettre 10 membres du milieu socio-professionnel avec 5 à 6 membres universitaires dans le Conseil d’administration. Une instance qui peut valider des questions académiques sans les universitaires. La volonté est manifeste dans la mesure où l’exposé des motifs mentionne clairement que la tutelle a très peu de contrôle sur les universités ».
Les enseignants chercheurs qui ont fait le déplacement ont lancé des slogans hostiles contre les agissements de Mary Teuw Niane lui demandant « non aux réformes qui passent au forceps et halte aux politiques autonomicides de Mary Teuw Niane ». Relevant que l’autonomie des universités n’est pas négociable, ils exigent de la part du ministre le respect.
A l’instar de leurs camarades de Dakar, le Saes de l’Université Gaston Berger de Saint Louis a procédé aussi à l’incinération de la loi. Selon le site Ndarinfo.com, le Saes a estimé que « cette réforme traduit une volonté de “politisation” des universités par le ministre “qui veut détenir tous les pouvoirs de nominations. Le SAES s’y opposera jusqu’à la dernière énergie. Nous serons debout pour faire face aux fossoyeurs de l’enseignement supérieur », déclarent les syndicalistes.
La loi cadre déjà promulguée ?
Le syndicat autonome de l’Enseignement supérieur a avancé que la « loi-cadre a été promulguée ». Selon Yankouba Seydi, « le ministre a tout dit sauf la vérité. Le ministre de tutelle avait falsifié la version qu’il avait remise à l’Assemblée et celle qu’il a remise au gouvernement. Ce sont deux documents différents. C’est du n’importe quoi ».
« Le Premier ministre nous a appelés pour faire des amendements pour une éventuelle révision de la loi. Entre temps, on nous appelle pour nous dire que la loi a été promulguée. Nous avons ras-le-bol. Nous avons reçu ici la commission Education de l’Assemblée nationale qui a présenté les excuses de l’Assemblée nationale parce qu’on leur a menti », a-t-il ajouté.