La réouverture de la frontière entre le Sénégal et la Guinée Conakry est accueillie avec beaucoup de joie et d’enthousiasme par les populations du département de Vélingara, ville frontalière. Les huit (8) marchés hebdomadaires dont celui de Diaobé ont repris leurs activités. La libre circulation des personnes et des biens est devenue une réalité au niveau de Dialadian, Califourrou, Nianao, Manda Douane et Badiara, principaux points de passage vers les deux Guinées. Tout de même, les populations restent conscientes de la menace du virus EBOLA. Du 27 au 29 janvier dernier, EnQuête est allé à la rencontre des populations et des acteurs économiques.
REPORTAGE
Mardi 27 janvier 2015, le soleil est au zénith dans le ciel de Dialadian, un village de la commune de Paroumba distante de 17 km de la Guinée. Il est exactement 12 heures 30 minutes. « Dialadian compte à peu près 1 500 âmes », explique Amadou Ba qui sert de guide. Dans le village, la nouvelle de la présence d’un journaliste se répand comme une traînée de poudre. Ils viennent spontanément dire leur bonheur. Chacun veut remercier le chef de l’Etat de cette réouverture de la frontière entre le Sénégal et la Guinée. Car elle met fin à leur calvaire. Policiers, douaniers, jeunes et vieux du village sirotent du thé à l’ombre des manguiers.
« Je salue cette décision. Auparavant, on se contentait du téléphone pour prendre des nouvelles de nos parents qui sont en Guinée. Maintenant, on se déplace sans probléme. Et cela m’a permis d’ailleurs, de me rendre hier en Guinée pour voir mes parents », confie Mamoudou Diallo, boutiquier. Son voisin Ibrahima Seydi de souligner qu’il n’y a plus « de barrages et de pistes clandestines ». Avec cette décision, les activités économiques ont repris de plus belle, ce dont il se félicite. « Les gens circulent librement. Et cela participe au développement des deux pays. Parce que pour développer un pays, il faut que les frontières soient ouvertes pour permettre la libre circulation des personnes et des biens », poursuit le sieur Seydi.
Après Paroumba, direction Pakour. Comme pour rallier Dialadian, il faut passer par une piste cahoteuse et traverser la forêt. Ici, le même enthousiasme règne. « Toutes nos activités étaient bloquées à cause de cette fermeture. S’il n’y a pas de trafic, nos activités restent paralysées », explique Chérif Baldé commerçant. Son ami boutiquier Ousmane Barry dit la même chose : «Avec cette réouverture, on espère que notre quotidien va changer. Nous allons pouvoir satisfaire les besoins de nos familles ». Même son de cloche à Kalifourou, une localité distante de 34 km du territoire guinéen. Ici, pas de blocage au niveau de la frontière. « Comme il n’y a plus d’interdiction, les populations traversent jour et nuit sans problème pour se rendre en Guinée comme pour venir au Sénégal», renseigne un policier qui préfère garder l’anonymat.
Les chauffeurs de Manda Douane en partance pour la Guinée ne chôment plus
Depuis la réouverture de la frontière, le brouhaha est indescriptible à la gare routière de Manda Douane. La localité revit. Les véhicules en direction de la Guinée Conakry ne peinent plus à trouver des passagers. Ce qui n’est pas pour déplaire aux chauffeurs rencontrés. Unanimement, ils saluent cette décision. « On est très contents de cette mesure. Cette décision est un soulagement pour nous. Car elle nous a permis de reprendre nos activités.
Depuis hier, 27 janvier, nous ne cessons de faire des navettes entre la Guinée et le Sénégal et nous sommes contents de revoir des passagers», renchérit Maoubé Diallo, chauffeur. Amadou Ciradio Gnamadio embouche la même trompette. « Ce sont des dizaines de véhicules qui quittent chaque jour Manda Douane pour Conakry et Labé. Les passagers viennent de Dakar et des autres localités du pays pour se rendre en Guinée Conakry », se réjouit-il, avant de conclure : « ça fait du bien. Maintenant personne ne galère. Le chomage est enterré. »
Pendant ce temps, les restauratrices, les boutiquiers et autres commerçants sont aux anges. En effet, les passagers guinéens en transit à Manda Douane représentent, disent-ils, 90% de leur clientèle. « Cette réouverture de la frontière est acceuillie avec la plus grande joie. On chômait ici car tout le trafic était paralysé », martèle Fatoumata Benté Barry, restauratrice. Actuellement, « tous les secteurs fonctionnent normalement, comme vous pouvez le constater ». La même joie anime Mamadou Tidiane Coulibaly qui va pouvoir ‘’écouler sa marchandise le plus rapidement possible, contrairement au temps où la frontière était fermée‘’.
Le marché de Diaobé renoue avec son ambiance d’antan
Le lendemain, mercredi 28 janvier, c’est jour de marché hebdomadaire à Diaobé. Avec la réouverture de la frontière terrestre, le sourire est de retour chez les populations et les acteurs économiques qui commençaient à trouver le temps long, la frontière ayant été fermée le 25 août 2014. C’est un flot continu de voitures en provenance des deux Guinées et de la Gambie.
Le marché est rapidement inondé de marchandises. Un tour du marché permet de se rendre compte de ce débordement d’activités. Les personnes rencontrées ne cachent pas leur satisfaction. « Alhamdou li Lahi », soupire le gestionnaire de la commune de Diaobé, Amadou Baldé. « La commune collecte des taxes hebdomadaires de l’ordre de 1 million de francs CFA. Mais lorsque la frontière avait été fermée, on ne parvenait pas à réaliser une recette de 400 à 500 mille francs par semaine », renseigne-t-il. Pour dire que « l’économie communale dépend du marché hebdomadaire de Diaobé ».
De Kabendou à Saré Diaé, en passant par Bandiagara, Diaobé, Manda Douane, Missirah, Pakour, Linkéring, Paroumba, Kalifourou et Boncoton, dans toutes ces localités du département de Vélingara, la joie de vivre est revenue, même si les populations restent vigilantes quant à la maladie à virus Ebola.