La poudre blanche s’est encore invitée à la cour d’assises. Hier, Alfocène Baldé, un Portugais d’une cinquantaine d’années, a été reconnu coupable de trafic international de drogue et condamné à 10 ans de travaux forcés et d’une amende de 60 millions par le tribunal.
De son passage à la capitale économique du Brésil Sao Paolo, Alfocène Baldé, un maçon portugais d’origine bissau-guinéenne, n’aura retenu que ce bout de table dans une chambre de l’hôtel American Blue où étaient posées les 68 boulettes de cocaïne à côté d’un verre d’eau. Travaillant pour le compte d’un trafiquant nommé Antonio qui avait promis de lui payer 1 500 euros, il avait en charge d’amener sa ‘’cargaison de boulettes’’ équivalente à 615 grammes de cocaïne au Portugal via Dakar. Mais, à son arrivée à l’aéroport Léopold Sédar Senghor, il a été arrêté par des agents de l’Ocrtis qui l’ont soumis à un contrôle urinaire.
Poursuivi pour trafic international de drogue, il a été condamné, hier, à 10 ans de travaux forcés et à une amende de 60 millions. Devant la barre, il a soutenu avoir été victime d’un trafiquant peu scrupuleux qui a abusé de sa situation sociale peu envieuse au Portugal. ‘’A Lisbonne, je suis resté 6 mois sans pouvoir travailler. Je suis resté deux mois sans rien envoyé à ma famille que j’ai laissée en Guinée Bissau. Et, quand Antonio m’a proposé cette affaire, je n’ai pas hésité. Il m’a payé le billet d’avion ainsi que mon hôtel à Sao Paulo. En contrepartie, je devais lui ramener la drogue au Portugal où je devais le remettre à un de ses collaborateurs’’, a-t-il raconté en peul rapporté par un traducteur.
Versatilité
Cette version a fait sortir l’avocat général de sa réserve qui y a vu une tentative de manipulation de la Cour. ‘’C’est vrai que nous sommes moins intimidants que des policiers, mais vous ne pouvez pas venir devant la Cour et nous narrer n’importe quelle histoire’’, a-t-il fulminé. Il s’est alors tourné vers l’accusé qu’il a fusillé du regard. ‘’La vérité monsieur Baldé se trouve dans le témoignage que vous avez fait devant le juge d’instruction’’, a-t-il vociféré, en brandissant un document blanc.
‘’Dans ce PV, vous reconnaissez avoir quitté le Portugal, pour vous approvisionner en drogue à Sao Paulo. Sur place, vous avez contacté différents fournisseurs de cocaïne, pour tester la marchandise. En fin de compte, Antonio a accepté de vous vendre les 68 boulettes à 600 euros que vous projetiez de revendre au Portugal’’, a martelé l’avocat général. Et de marteler : ‘’Vous ne pouvez pas vous présenter en victime alors que, selon vos dires, vous êtes un acteur majeur dans cette affaire.’’
Après un long silence, par la voix fluette de son interprète, il a soutenu n’avoir jamais voulu tromper la Cour. ‘’ Je n’ai jamais acquis de drogue, ni voulu la revendre comme le dit le document’’, a-t-il dit. Ainsi, dans sa plaidoirie, l’avocat général a pointé la versatilité des propos de l’accusé, tout au long de la procédure et ses vraies intentions criminelles, et a requis 20 ans d’emprisonnement ferme. Son avocat a plaidé la peur de représailles pour expliquer les changements de discours et demandé une application circonstanciée de la loi pénale. Sur cette dernière intervention, la Cs’est retirée pour délibérer.