En protestation contre la couverture «partiale», par la Rts, du procès de Karim Wade et co-prévenus, le collectif des avocats de la défense annonce qu’il va saisir le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) d’une plainte contre la Télévision nationale. Il dénonce ainsi le fait que les moyens audiovisuels de l’État du Sénégal soient mis exclusivement à la disposition de ses avocats, qui s’attaquent à la personne et la défense de Karim Wade et co-prévenus.
La couverture, par la Rts–Télévision du procès de Karim Wade et codétenus, ouvert le 31 juillet 2014 devant la Crei, n’est pas du goût des conseils de ces derniers. Dans une lettre de protestation déposée à la Rts, le 27 janvier 2015, à l’adresse du directeur général et dont une copie nous est parvenue, le collectif des avocats de la défense dénoncent la mise à disposition exclusive des «moyens audiovisuels de l’État à ses avocats, qui s’attaquent à la personne et la défense» de Karim Wade et co-prévenus.
Selon la défense, depuis l’ouverture de ce procès, ni le collectif des avocats du «prisonnier politique» Karim Wade, ni ceux de ces co-prévenus encore moins ses membres n’ont été invités à s’exprimer, sur une antenne de la à Rts et s’adresser à l’opinion. Alors que plusieurs avocats de l’Etat ont été invités sur le plateau de la télévision nationale pour «exprimer devant l’opinion, des contrevérités sur la personne de Karim Wade, Ibrahim Aboukhalil, Pape Mamadou Pouye, Alioune Samba Diassé, Pierre Agbogba, Mbaye Ndiaye, sur le procès et sur leurs avocats».
«Cette situation est profondément choquante. Elle constitue une violation flagrante des obligations d’impartialité, d’objectivité et d’honnêteté de l’information auxquelles tout service public audiovisuel est soumis dans un pays démocratique qui se veut respectueux de l’Etat de droit. Il vous (Dg Rts-ndlr) appartient d’assurer le respect de ces obligations». C’est pourquoi le collectif demande au patron de la Rts de donner instamment les instructions nécessaires pour que ses membres soient régulièrement invités à exposer leur point de vue, à des heures de grande écoute, sur la Rts.
«S’il n’est pas donné suite a notre demande dans un délai de 24 heures, nous attirerons par tous moyens l’attention des opinions publiques sénégalaise et internationale en dénonçant la gravité des manquements commis par la Radio Télévision Sénégalaise et son accaparement par le régime en place». Mieux, déclare le collectif, «nous saisirons d’une plainte le Conseil National de la Régulation Audiovisuelle qui, aux termes de la loi du 4 janvier 2006, a notamment pour mission de “veiller...à l’objectivité et au respect de l’équilibre dans le traitement de l’information véhiculée par les médias audiovisuels” afin qu’il prenne toutes les dispositions, notamment les sanctions appropriées», menace-t-il.