Le Premier ministre Aminata Touré a présidé lundi, à Dakar, l’ouverture des travaux du 4ème sommet panafricain des jeunes leaders de l’Afrique et de la diaspora dont le thème est «le chômage des jeunes dans l’agenda post-2015». Selon Mme Aminata Touré, le moment est venu d’entreprendre des ruptures impératives afin d’apporter des réponses efficaces au chômage des jeunes.
La lutte contre le chômage des jeunes requiert l’accès à l’éducation, à la formation, aux financements et surtout à des actions concertées. C’est tout le sens du 4ème sommet des jeunes leaders de l’Afrique et de la diaspora ouvert lundi, à Dakar, par le Premier ministre Aminata Touré. « Le Sommet de Dakar appelle tous les pays d’Afrique à bâtir des politiques de jeunesse ambitieuses qui incluent l’accès à l’éducation et à la formation professionnelle, l'assistance aux jeunes pour obtenir des emplois décents, ainsi que l’accès aux financements adaptés à la connaissance de dernière génération pour devenir des innovateurs et entrepreneurs intégrés dans un monde globalisé, en perpétuelle mutation », souligne le chef du gouvernement, Aminata Touré.
Selon le Premier ministre, l’objectif final du sommet de Dakar est de promouvoir des compétences entrepreneuriales pour la jeunesse et de publier un document de référence consensuel sur l'emploi des jeunes, dans le cadre des Omd et de la conception de l'agenda post-2015. Elle a invité les délégués des jeunes, venus de divers horizons, à examiner les actions et les meilleures pratiques entreprises par des organisations de jeunesse et le secteur privé, ainsi que la mise en œuvre des projets et de programmes visant à réaliser les Omd en général, et l'emploi des jeunes en particulier.
Aminata Touré a exhorté les jeunes leaders d’Afrique et de la diaspora à mettre en évidence les projets qui vont contribuer à l’autonomisation des filles dans la planification future et de produire un document de consensus à présenter aux chefs d'Etat et de gouvernement des pays africains et au Secrétariat exécutif des Nations unies. Le Premier ministre a fait savoir que le président Macky Sall est prêt, à les soutenir et à les accompagner pour présenter les résultats de la rencontre de Dakar au prochain Sommet des chefs d’Etat de l'Union africaine, prévu dans le courant de ce mois à Addis-Abeba, mais aussi au prochain sommet de la Francophonie qui se tiendra à Dakar les 29 et 30 novembre 2014. Mme Touré a soutenu que le thème du sommet centré sur «chômage des jeunes dans l’agenda post-2015 des Nations unies», devra permettre aux participants de réfléchir sur les questions essentielles auxquelles sont confrontées la jeunesse, à savoir une éducation et une formation de qualité, la promotion de l’emploi des jeunes et la lutte contre le Vih Sida.
Préoccupations des jeunes
D’autant plus que la situation démographique mondiale représente un défi énorme pour la communauté internationale. « En effet, sur une population mondiale d’environ 7 milliards de personnes, les jeunes âgés entre 15 et 24 sont estimés à 1 milliard, soit le 1/5 de cette population. 87% de ces jeunes vivent dans les pays en développement », dit Mme Aminata Touré, qui a constaté que malgré l’urbanisation à grande échelle, la majorité de ces jeunes est établie dans les zones rurales. Elle justifie cela par la crise financière qui sévit ces dernières années, et qui a particulièrement dégradé la situation économique très fragile des pays en développement, entraînant plusieurs difficultés, dont celles liées au chômage et plus particulièrement celui des jeunes. C’est pourquoi, a-t-elle dit, le thème de cette rencontre met en exergue non seulement la place démographique des jeunes en Afrique, mais aussi leur rôle précurseur et majeur dans le processus de développement économique à travers leur autonomisation et l’accès aux sources de financement.
Selon elle, « le moment est venu d’entreprendre les ruptures impératives pour faire des jeunes, avenir du continent, la priorité des priorités dans nos politiques de développement ». Car, il est fondamental, d’après le Premier ministre, de prendre en compte, sur tous les plans, les préoccupations des jeunes dans la mise en œuvre des politiques publiques de chaque pays. En effet, souligne le Premier ministre, les jeunes peuvent être les conducteurs de la croissance économique et les fers de lance de la réduction de la pauvreté, s'ils sont entièrement intégrés dans la société et responsabilisés.
Le Sénégal ambitionne de créer 300.000 emplois dans l'agriculture
Le Premier ministre Aminata Touré, qui a présidé, lundi, le 4ème sommet panafricain des jeunes leaders de la diaspora et de l’Afrique sur le thème du chômage, a rapporté que le Président Macky Sall a fait de la question de l’emploi sa priorité. Selon le Premier ministre, le chef de l’Etat a des projets et des programmes qui permettent d’employer plusieurs centaines de milliers de jeunes. Elle donne comme exemple le Programme des domaines agricoles communautaires (Dac) qui vise à faire du secteur de l’agriculture le premier pourvoyeur d’emplois et le moteur de la croissance de notre économie. Ce programme, dont le démarrage est prévu cette année, ambitionne de créer 300.000 emplois à terme. A cela s’ajoute l’Agence nationale d’assistance à la sécurité de proximité qui est entrée dans sa phase active avec 10.000 jeunes déjà recrutés, enfin le recrutement, en 2013, de 5.000 agents jeunes diplômés dans la Fonction publique sénégalaise.
Tous ces projets entre dans le cadre de l’ambitieux programme de prospérité durable « Yonu Yokkuté », qui met, en synergie, le monde rural, les femmes et, surtout, les jeunes, au cœur du développement économique et social. Il a pour finalité la croissance intensive et durable, la protection sociale des groupes vulnérables, la promotion de l’emploi des jeunes et la consolidation de leur place dans la stratégie d’émergence du Sénégal, a expliqué le Premier ministre.
Les jeunes s’engagent à jouer leur partition
Les jeunes ont défini leurs rôles qu’ils comptent assumer dans l’agenda post-2015. Ils entendent porter le combat pour la lutte contre le chômage, contre l’instabilité politique qui fragilise l’Afrique.
Le 4ème sommet panafricain de la jeunesse pose le débat sur le chômage qui frappe cette frange importante de la population. Il ressort de cette rencontre que cette couche est appelée à jouer un rôle actif dans la recherche de solutions à ces problèmes. Pour cela, elle doit avoir confiance en soi et travailler pour l’émergence de l’Afrique. « Les jeunes doivent servir le continent avant de se servir, développer la culture du volontariat dans les institutions publiques ou privées », suggère le président du Réseau des jeunes leaders des Nations unies et de l’Organisation mondiale pour la santé du Sénégal, Moussa Sow. Outre ces aspects, il est tout aussi nécessaire pour la jeunesse d’explorer les niches d’emplois avec les nouveaux corps de métier. « Il nous faut explorer les nouvelles niches ou créneaux porteurs d’emplois durables par des initiatives privées, oser entreprendre des projets dans l’agrobusiness, les Tics, l’énergie renouvelable », affirme Moussa Sow.
La résolution de ces problèmes passe également par la formation de cette jeunesse. Sur ce rapport, le président panafricain du Réseau des jeunes leaders des Nations Unies et de l’Organisation mondiale de la santé, Alioune Guèye, a révélé que 30.000 jeunes ont été formés en leadership à travers les 5 régions du continent et en plaidoyer pour la vulgarisation des Omd.
Si la jeunesse est une opportunité pour le continent, il n’en demeure pas moins que leur sous-emploi est une réelle menace pour la stabilité des pays africains. « De tous les défis auxquels le continent est confronté, celui du sous-emploi est le plus pressent. Il n’y a pas plus dramatique que les parents qui ont investi dans la formation de leurs enfants leur regardent vieillir dans le chômage. Le chômage des jeunes est une menace ; il est temps de changer par l’utilisation et la répartition judicieuse des ressources naturelles, par la canalisation de son énergie débordante », prêche Alioune Guèye, qui a relevé que l’Afrique, le berceau de l’humanité et des civilisations, est confrontée à la propagation du Vih Sida, à la sous-scolarisation des millions de ses enfants, à la délinquance financière qui ouvre la voie à l’instabilité. « La jeunesse doit réagir et porter de le combat pour consolider la stabilité et la paix. Elle doit être engagée pour une refondation des mentalités après 2015 », défend Alioune Guèye. Pour la représentante de la Diaspora, Angela Guimaraes, la promotion des droits des jeunes et des femmes est une dimension à inscrire dans la durée. « L’insertion des jeunes dans le tissu socio-économique est un défi dans ce contexte de crise financière mondiale. Nous ne pouvons pas résoudre la question du sous-emploi, sans la promotion des droits à la santé, à l’éducation », estime Angela Guimareas qui a aussi
Hadjibou Soumaré salue les initiatives des chefs d’Etat
Le président de la Commission de l’Union économique et monétaire ouest-africaine a axé son intervention sur les initiatives prises par les différents Etats pour éradiquer le chômage. « Je voudrais rendre hommage à l’action de nos chefs d’Etat qui ont tous élevé au rang de sur-priorité la question de l’emploi des jeunes et engagé des politiques qui produisent des résultats même si l’ampleur du phénomène du chômage ne permet pas toujours de mesurer l’impact et les effets à leur juste valeur », reconnaît Hadjibou Soumaré. Ces efforts de l’Etat sont soutenus par l’Uemoa qui a mis en place un cadre de concertation régionale annuelle des ministres en charge de l’Emploi. L’institution a aussi appuyé la création d’un observatoire national de la formation dans les 8 pays membres. Ces instances ont pour missions de collecter et de traiter des informations sur le marché du travail, de l’emploi et de la formation. « La Commission de l’Uemoa a également financé la réalisation d’une vaste étude sur l’état de l’enseignement supérieur, technique et la formation professionnelle au sein des 8 pays membres dans le but de leur adaptation progressive aux exigences du marché de l’emploi », ajoute Hadjibou Soumaré. Il a fait remarquer que la tenue de ce sommet coïncidence avec la création de l’Uemoa qui a vu le jour, le 10 janvier 1994, dans la même salle du King Fahd Palace où s’est déroulée la cérémonie d’ouverture.