Une foule nombreuse composée d’enseignants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, d’hommes et femmes de culture, du personnel de la municipalité de Dakar, a assisté hier mardi, à la levée du corps de Omar Ndao à l’hôpital Principal, avant de l’accompagner dans sa dernière demeure, au cimetière musulman de Yoff. Omar Ndao est mort hier, quelques heures après le décès de sa maman.
Cette douloureuse épreuve pour sa famille et ses proches souligne ainsi, une fois de plus, l’inéluctabilité du destin en même temps qu’elle rend compte de ce que la personne humaine est si peu de chose.
Professeur de littérature du Maghreb à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, dramaturge, metteur en scène, directeur de la Culture et du Tourisme pour la Ville de Dakar, brillant intellectuel, Omar Ndao avait été dans les années 90, chroniqueur à Sud Quotidien où il animait tous les vendredis, la rubrique “Eux et Nous”, une sorte de décryptage des pulsations qui travaillaient la société sénégalaise. Il arrivait à la rédaction la veille, jeudi, en fin d’après midi, me demandant un coin où s’installer, et en un laps de temps, il accouchait les idées qu‘il avait remuées dans sa tête , là où quelques uns d’entre nous tournaient et retournaient leurs papiers. Lui accouchait sans douleur là ou d’autres avaient maille à partir avec la souffrance.
Et pourtant le résultat était excellent, tant on prenait du plaisir à lire ses réflexions balancées dans une langue maîtrisée, dans ses nuances et ses subtilités. On en prend encore toute la mesure dans “Dakar l’ineffable”, opuscule dans lequel il narre de petites et grandes histoires tout en campant avec bonheur les scènes de vie de la capitale. Il y convie à une promenade à travers des mythes fondateurs et des faits historiques.
De tout cela, il gardera une certitude, “jamais Dakar ne sera dite totalement et avec assurance parce qu’elle a la coquine manie de toujours faire trembler ses sens”.
Homme de culture, homme de théâtre, il avait été le concepteur de la petite scénographie revisitant la liberté de la presse et ses affres, à l’occasion du 25 ième anniversaire du groupe Sud Communication. “Feu rouge”, la pièce qu’il avait écrite sur l’univers des mendiants et sur les guerres qui ravageaient le continent avait été adaptée au théâtre par le metteur en scène Seyba Traoré.
Avec sa dégaine d’eternel jeunot tranquille, il était d’une espièglerie succulente. Toujours le bon mot pour camper une situation et en déconstruire la vanité. De commerce agréable, l’esprit toujours alerte, Omar Ndao mordait la vie à pleines dents . Vif, toujours prompt à sortir le bon mot, à rigoler de la vie qu’il savait dérisoire, il avait une intelligence exquise.
A son épouse, à ses enfants, à sa famille, à son frère Pape Ndao, au maire de Dakar Khalifa Sall, le groupe Sud Communication présente ses condoléances attristées.
Que la terre de Yoff où il a rejoint sa maman partie la veille lui soit légère.