Quelque 80% des infections au VIH-SIDA se font par voie sexuelle non protégée, a déclaré mardi à Dakar, Bidia Deperthes, conseillère technique principale sur le VIH, les IST et les grosses non désirées auprès de l’UNFPA à New York.
«80% des infections du VIH sont dus aux rapports sexuels non protégés. Donc la seule chose que nous avons pour nous protéger, ce sont les préservatifs», a-t-elle notamment dit.
Elle s'adressait à la presse au terme du lancement de la campagne «Condomize» dont elle est la directrice. Cette campagne invite les gouvernements, les donateurs et les utilisateurs à intensifier l'accès et la demande à des préservatifs de qualité comme principal rempart contre le VIH, les IST et les grossesses non désirées, entre autres.
Selon Mme Deperthes, l'idée du projet est d'essayer de replacer les préservatifs masculins et féminins au centre de la lutte contre le SIDA et les IST «pour la simple et bonne raison que ce sont des outils qui existent contre la transmission du VIH par voie sexuelle».
«On fait cette campagne d'une manière très colorée puisque les gens ont tendance à être très mal à l'aise dès qu'on parle de préservatif. C'est vraiment notre but de mettre en couleur, en musique et de façon dynamique pour que les jeunes soient attirés», a fait savoir Mme Deperthes, plaidant du coup pour des budgets nationaux, dans les pays africains, devant être consacrés à l'achat de préservatifs.
«Pas assez de préservatifs en Afrique. Il y a plusieurs explications à cela. Les bailleurs de fonds restent quand même des étrangers. C'est donc aux pays de mettre la priorité dans la lutte contre les maladies incluant le VIH. Donc il nous faut avoir un budget national, des fonds domestiques pour compléter les donations des bailleurs. On ne peut pas uniquement s'appuyer sur des donations de bailleurs qui font certes le maximum, mais les pays doivent également créer des fonds», a-t-elle poursuivi.
Selon elle, seuls l'Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie ont des budgets consacrés à l'achat de préservatifs.
Pour décomplexer et déstigmatiser l'utilisation des préservatifs, la spécialiste de l'UNFPA a estimé qu'il faut «stopper le tabou au niveau de la sexualité».
«On a la chance d'être dans des pays où beaucoup d'enfants vont à l'école. Pourquoi ne pas utiliser l'espace scolaire pour l'éducation sexuelle. Plus tôt on commencera cela, plus tôt les enfants trouveraient non tabou la sexualité et iront vers des méthodes de contraception et de protection des rapports. Mais tant qu'on va se cacher derrière nos barrières culturelles et religieuses et qu'on ne parle pas de la sexualité, qu'on en fait un tabou, tout le monde sera complexé», a conclu Bidia Deperthes.