Elle est venue hier jusqu’au journal Le Quotidien pour laver l’affront qu’à subi Moustapha Niasse au Terrou-bi. Penda Ndiaye Cissé lave le secrétaire général de l’Afp et égratigne Malick Gackou qui, selon elle, est derrière les huées et les insultes contre Niasse. La responsable progressiste à Yoff traite le numéro 2 du parti- qui n’en est pas un,- estime-telle, de «voyou» et de «sauvageon».
Moustapha Niasse n’est-il pas responsable de la crise qui secoue l’Afp en déclarant que le parti n’aura pas de candidat en 2017 ?
Je voudrais d’abord avant d’aborder cette question faire la genèse de la manifestation d’hier (Ndlr, jeudi). Les cadres du parti dont la mission est de réfléchir sur les questions de développement avaient convié le secrétaire général de l’Afp à une manifestation au cours de laquelle il était prévu qu’on lui présente nos vœux et qu’on fasse une petite présentation pour échanger sur des thèmes d’actualité que sont le Tarif extérieur commun de la Cedeao et la situation du monde rural. Cette réunion de l’Ancp a été infiltrée par des affidés du camarade Malick Gackou. Nous les avons identifiés ; ils ne sont pas nombreux. Ils ont amené près de 200 nervis qui sont des lutteurs. C’était une réunion privée et ces gens qui n’étaient pas invités, nous ont perturbés. La moindre des choses, quand on n’est pas invité à une manifestation, c’est d’être discipliné. Cela dit, cette question de candidature de l’Afp a été réglée par le Bureau politique en mars 2014. Tous ces gens qui gesticulent, comme Malick Gackou, étaient présents à cette rencontre. Personne n’a levé le tout petit doigt pour exprimer son désaccord. C’est au sortir de cette réunion qu’ils se sont mis à parler parce qu’ils ont tout simplement un agenda personnel caché.
Mais est-ce qu’un parti comme l’Afp aussi ne doit pas avoir son candidat à une élection présidentielle ?
Vous savez, en 2012, nous avons soutenu le candidat Macky Sall. Il se trouve que Moustapha Niasse est président de l’Assemblée nationale où je suis moi-même con seillère technique, comme beaucoup d’autres membres de l’Afp qui sont dans le cabinet. Nous avons un ministre dans le gouvernement et des directions nationales. Comme nous l’avions déjà souligné dans la déclaration du 10 mars, tant que les relations qui lient le Président Macky Sall et Moustapha Niasse n’allaient pas changer, nous verrions mal d’attendre 2017 pour dire que nous avons un candidat. C’est dire que nous partageons les actes que pose le gouvernement actuel. Et je précise que c’est la décision du Bureau politique et non du secrétaire général.
Donc, cette crise interne est l’œuvre de vos autres camarades comme Malick Gackou ?
Vous savez, Malick Gackou… (Elle soupire). C’est vous qui le nommez. C’est lui qui est à la base. C’est bien d’ailleurs qu’on ait tenu cette réunion. A toute chose, malheur est bon parce qu’elle aura permis de faire tomber les masques. Pendant des mois, il a envoyé des seconds couteaux dans la presse pour revendiquer ce que lui-même revendique. C’est hier seulement (Ndlr, jeudi) qu’il a ouvert la bouche pour parler de cette situation. Malick Gackou qui dit ne pas accepter qu’il n’y ait pas un candidat s’est comporté hier comme un petit voyou, je pèse bien mes mots. Nous, les cadres, l’avions convié à cette réunion en tant que membre du Bureau politique alors que nous connaissions sa position. Mais on n’avait jamais pensé qu’il allait se comporter de la sorte. Il a osé le faire, en présence du secrétaire général et président de l’Assemblée nationale, donc deuxième personnalité de l’Etat, de son épouse et de ministres de la République. Il disait que Moustapha Niasse était son père, mais hier il ne l’a pas montré. Il s’est plutôt comporté en sauvageon. C’est lui qui a orchestré tout cela et, avec son téléphone, il a donné des ordres aux jeunes pour huer et insulter Niasse. Je puis vous assurer que les cadres de l’Afp prendront leurs responsabilités. Mais la direction du parti aussi ne manquera pas de le faire.
Peut-on s’attendre à la suppression du poste de numéro 2 que Gackou occupe encore ?
Ce numéro 2 justement, les cadres du parti ne l’ont jamais approuvé. Malick Gakou a été numéro 2 au soir d’un congrès, mais nous ne l’avons jamais reconnu comme tel. C’est que lui-même ne pouvait pas porter ce manteau. D’ailleurs, il n’a jamais convoqué des réunions de Bureau politique. Un numéro 2 doit pouvoir gérer quand même un parti quand le secrétaire général n’est pas là. Il n’en a jamais été capable. Il n’a jamais été capable non plus de tenir une discussion d’intellectuel. Tout ce qu’il sait faire, c’est d’aller avec les lutteurs- que j’aime bien tout de même. Mais nous pensons, en tant qu’intellectuels, que s’il y a un combat à mener, c’est celui du développement du Sénégal par les idées et non par les muscles.
Le limogeage du responsable des jeunes de l’Afp de son poste de conseiller du président de l’Assemblée n’entache-t-il pas la démocratie au sein de votre parti ?
Malick Guèye a été limogé de son poste de Conseiller technique de Moustapha Niasse à l’Assembléenationale.
Mais il a aussi pris position pour un candidat du parti en 2017 ?
Oui. Il a pris cette position. Le poste de conseiller technique est une question de confiance. Si la confiance n’existe plus, je vous limoge. Et je vous citerai le cas de Amath Suzanne Camara qui était conseiller technique de l’Apr. Quand il s’est mis à se comporter d’une manière inadmissible par rapport au président de l’Assemblée nationale, il a été démis de ses fonctions. Pourtant, on n’en a pas parlé. Il n’y a pas eu de bruit parce que c’est une conséquence logique. Concernant Malick Guèye, on ne l’a pas renvoyé pour le moment de l’Afp. Vous ne pouvez pas accepter d’avoir à vos côtés quelqu’un qui vous insulte. Quand même, c’est la moindre des choses !
Donc vous pensez que la gestion de Moustapha Niasse est «clean», comme on dit ?
Je côtoie Moustapha Niasse depuis l’Appel de 1999. Nous sommes venus à ses côtés pour les valeurs qu’il incarnait et qu’il continue à incarner. Je suis Consultante de métier. Je suis venu travailler à ses côtés et je gagne beaucoup moins que ce que je gagnais avant. Mais pour moi, c’est un sacerdoce de travailler avec lui pour mon pays. Dans la vie, on apprend tous les jours. Avec lui, non seulement on apprend mais il nous laisse la latitude de le conseiller et de dire ce que nous pensons. La démocratie dans le parti existe. Hier justement, quand certains ont voulu les arrêter (Ndlr, ceux qui huaient Niasse jeudi), il a dit : «Non, ne les arrêtez pas. Laissez les parler. C’est la démocratie». Mais les gens en ont abusé et ce qui s’est passé, c’était vraiment de l’indiscipline.Mais lui aussi s’est emporté en les traitant de «salopards». Non, il a dit «imbécile». «Im bécile», en français, ce n’est pas injurieux. Et je vous assure que le comportement de ces gens-là, on aurait dû le traiter d’un mot plus fort que cela. Mais on est sur la place publique, on ne peut pas dire certains mots. Moi-même qui vous parle, j’aurais utilisé des mots plus forts que cela. Ce sont des voyous qui n’ont pas respecté la deuxième personnalité de l’Etat, des ministres de la République et leurs camarades qui les ont invités. On a assisté à de la «Voyoucratie». Personnellement, j’ai fait l’objet de menaces de mort d’un des accompagnants de Malick Gackou. Je vais porter plainte parce que, pour moi, Malick Gackou est civilement responsable des actes posés par ces gens-là qu’il a amenés à cette manifestation. Et si on touche à un cheveu de ma tête, ce sera Malick Gackou le responsable. Au sortir d’ici, Je porterai plainte contre Malick Gackou et ses accompagnants.
Donc, vous imputez le désordre qui secoue actuellement l’Afp à Malick Gackou ?
C’est Malick Gackou. A quelle fin ? Lui seul sait. Il l’a dit d’ailleurs : il veut avoir un candidat. Mais c’est simple : il est dans un parti, et s’il ne s’y retrouve plus ; il n’a qu’à partir. L’Afp ne lui appartient pas et il ne peut pas faire une Opa sur ce parti-là. Ce n’est pas possible ! Il n’est pas content, qu’il attende au moins qu’on organise un congrès. Mais ce n’est pas lui qui va en fixer l’agenda.
Il dit que l’Afp n’est pas à vendre…
C’est lui qui veut vendre l’Afp. On l’a dit et redit : l’Afp ne fera pas de fusion avec l’Apr ! Nous sommes un parti fort et structuré. Quand les gens ont agité l’idée de fusion, nous avions rappelé que nous tenons à rester l’Afp. Nous sommes des cadres ; MoustaphaNiasse va partir et nous comptons maintenir ce parti.
A Yoff où vous militez, il se dit que Abdoulaye Diouf Sarr vous avait promis un poste de premier adjoint, alors que vous étiez tête de la liste proportionnelle. Que s’est-il passé ?
Ne dites pas qu’on ne me voit pas à la mairie. J’assiste à toutes les réunions du Conseil municipal de Yoff. Que je ne sois pas associée à la gestion de la mairie, c’est de la responsabilité du maire. Il a été élu et il a choisi ses collaborateurs directs. C’est son droit le plus absolu. Je préfère ne pas me prononcer davantage sur ce sujet. Je lui souhaite bon vent. Je suis conseillère à la ville de Dakar et vice-présidente d’une commission. Je vais y travailler. Il appartient aux populations de juger de son travail.