Le secrétaire général et fondateur du Syndicat Autonome des Enseignants du Sénégal (Saes), le professeur Bouba Diop, a laissé entendre hier, à Dakar, au cours d’une conférence que c’est l’Etat du Sénégal lui-même qui est la principale cause de la situation de l’université Cheick Anta Diop de Dakar. Discutant sur le thème: ‘’Droits humains et les libertés académiques dans le contexte des crises et des réformes’, l’ancien médiateur de l’Ucad met le pouvoir au banc des accusés.
Le professeur qui se prononçait hier, mercredi 14 janvier, à Dakar lors d’une conférence, sur le thème: ‘’Droits humains et les libertés académiques dans le contexte des crises et réformes’, estime que l’espace universitaire vit de plus en plus des difficultés devant lesquelles une parfaite léthargie des autorités est notée. A en croire l’ancien négociateur à l’Ucad, «C’est l’Etat lui-même qui crée le désordre au sein du temple du savoir» lâche t-il. Et mieux, l’ancien médiateur de l’Ucad, indique « qu’un Etat qui se respecte ne doit pas laisser passer certaines choses sans y trouver des solutions appropriées au moment qu’il faut ».
«Beaucoup de choses restent à clarifier par le pouvoir dont l’affaire de l’étudiant qui a perdu un œil tout récemment dans des échauffourées et qui est évacué en France. Mais aussi la mort de Bassirou Faye », dit-il. Selon lui, dans ce lieu du culte du savoir les droits humains et les libertés académiques ne sont pas respectés d’autant plus que tout y est permis et même le trafic de la drogue et la violence. Autant de questions, dit-il, qui mériteraient des solutions.
Pour le directeur de l’institut des droits de l’homme et de la paix, le professeur Samba Thiam, «les franchises universitaires relèvent d’une certaine complexité dans la mesure où il n’y a pas eu une certaine ouverture et une concertation suffisante. Et dans ce sens il faut se dire la vérité». Le professeur de l’histoire du droit à la Faculté des Sciences Juridiques et Politiques (FSJP) de l’Université Cheick Anta Diop de Dakar explique qu’a chaque fois qu’il s’agit de reformer ou de prendre des lois qui touchent l’essence d’une société il faut prendre le temps nécessaire de dialoguer et d’échanger, car c’est très sensible. «Apparemment ça a été précipité et les universitaires auraient peur de perdre leur liberté et leur autonomie puisqu’ils n’ont pas été implique. Et dans ce cas ça se comprend que le problème se pose» dit-il.
S’agissant de la reforme des universités, Massamba Thiam propose de privilégier toujours la discussion entre les acteurs.
Cette conférence organisée en partenariat avec l’Institut des Droits de l’Homme et de la Paix (IDPH) et le Comité sénégalais des droits de l’homme (CSDH) a été un moment pour rendre un vibrant hommage au magistrat Youssoupha Ndiaye, «une figure emblématique de la magistrature, au Sénégal», selon le recteur Ibrahima Thioubou.