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Enquête Plus N° 1073 du 15/1/2015

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Cartographie des écoles coraniques de Dakar: 30 mille enfants mendiants sur un effectif de 54 837 talibés
Publié le vendredi 16 janvier 2015   |  Enquête Plus


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© Autre presse par DR
Des enfants talibés (les disciples) mendiant dans les rues, au Sénégal


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Les mendiants foisonnent dans Dakar. Une récente étude révèle qu’ils sont 30 mille enfants mendiants à arpenter au quotidien les rues de Dakar sur un effectif total de 54 837 talibés recensés.



Les chiffres se passent de commentaire, Dakar étouffe de ses mendiants. La capitale sénégalaise abrite 54 837 talibés dont 30 mille enfants mendiants. Les chiffres émanent d’une étude menée par la Cellule nationale de lutte contre la traite des personnes, entre octobre et décembre 2014 et dont les résultats seront restitués mardi prochain. Au terme de la cartographie, 1 006 écoles coraniques ont été répertoriées dans la région de Dakar avec un effectif de 54 837 talibés, dont 38 079 garçons et 16 758 filles. Ces écoles coraniques, comprises au sens inclusif d’institutions d’enseignement arabo islamique, sont structurées en trois (3) types. D’abord le franco-arabe, ensuite les daara, enfin les écoles arabes. Elles se concentrent le plus dans les départements de Dakar avec 30,8%, Pikine 27,4%, Rufisque 22,9% et Guédiawaye 18,9%.

Les daara, écoles coraniques par excellence ayant comme dominante pédagogique la mémorisation du Coran, constituent le noyau dur du système d’enseignement arabo-islamique au Sénégal. Ils représentent près de 81 % des structures répertoriées par l’étude. Cependant, 52% des enfants trouvés dans les écoles coraniques viennent des autres régions du Sénégal, 9% de pays de la sous-région et 39% des environs de la localité des écoles coraniques.

‘’Cela indique que la masse critique des daara de la région de Dakar provient du mouvement de mobilité des maîtres coraniques’’, renseigne l’étude. 53% des enfants trouvés dans ces écoles pratiquent donc la mendicité, soit 30 160 sur un effectif global de 54 837 enfants. Sur ce nombre, 91% font entre 1 h et 5 h de mendicité par jour dans la rue. 51% des apports de la mendicité des enfants se font en argent. Ceci montre la tendance ancrée de la mendicité des enfants à but économique, c’est-à-dire la prédominance de son caractère d’exploitation sur les déterminants pédagogiques de la quête de l’aumône à l’origine de cette pratique.

51% des apports de la mendicité des enfants se font en argent

Face au drame, une réponse nationale par rapport à la problématique des daara et la mendicité des enfants s’est traduite par la prise de mesures institutionnelles et légales. Mais aussi de développement de stratégie nationale et programmes dont celui portant sur les daara modernes. Face à la presse hier, la Plate-forme pour la promotion des droits humains (PPDH) a soutenu que dans son esprit, le projet de loi portant statut du daara est à saluer, ‘’car il vise le rétablissement de l’équité et l’égalité républicaine entre les différentes offres d’enseignement’’.

Selon Mamadou Wane de la PPDH, le projet de loi marque une certaine volonté politique de diversifier l’offre publique d’éducation inclusive en instituant des passerelles entre l’enseignement coranique et l’éducation formelle élémentaire et primaire. Membre de la PPDH, Assane Boye d’Amnesty international a salué la prise en compte de la loi portant statut du daara. L’article 16 dudit projet indique clairement que tous les responsables de daara dont les apprenants pratiquent la mendicité sont passibles des sanctions prévues par les lois et règlements en vigueur.

Un projet de loi qui ne fait toujours pas l’unanimité

Cependant, les membres de la plate-forme ont regretté que malgré ces avancées, le projet soit rejeté par certains maîtres coraniques et leaders religieux, acteurs incontournables dans la réponse nationale à la problématique des daara du Sénégal. Pour l’intérêt des enfants et des daara et pour rendre effectif le droit de tous les enfants à une éducation décente, la PPDH a demandé au gouvernement d’entamer ‘’une large concertation nationale sur le projet avec l’ensemble des organisations des maîtres coraniques.

Mais aussi des représentants des foyers religieux islamiques, des acteurs publics et de la société civile impliqués dans la prise en charge de la problématique des daara’’. Mamadou Wane de dire que le projet de loi devra être soumis à un processus de validation nationale. Ainsi, personne ne pourra dire ensuite qu’il n’a pas été impliqué dans la prise de décision, souligne Mme Camara de l’Association des femmes juristes du Sénégal (AJS).

La PPDH suggère aussi au gouvernement d’introduire dans le projet de loi la reconnaissance des daara traditionnels qui contribuent à l’éducation religieuse des enfants et leur droit à l’accès au financement public. Président de la Coalition nationale des associations et ONG en faveur de l’enfant, François Raul Latouffe a soutenu que la plate-forme est prête à mener le combat contre la mendicité des enfants. Une plate-forme qui exhorte le gouvernement à renforcer les mesures d’accélération pour l’abandon de cette forme intolérable d’exploitation et de maltraitance des enfants.

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