Dakar, 15 jan 2015 (AFP) - Karim Wade, ancien ministre et fils de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, en procès pour enrichissement illicite présumé, est en grève de la faim pour le respect de ses droits après avoir été "frappé et blessé" au tribunal, ont affirmé jeudi ses conseils et partisans.
"Il a commencé la grève de la faim hier (mercredi), a déclaré à l’AFP Me Mohamed Seydou Diagne, un des avocats de Karim Wade, précisant que son client poursuivrait son action "jusqu’à ce que ses droits soient respectés et qu’il y ait un procès équitable dans lequel (ceux) de la défense seront garantis"
"On l’a physiquement agressé" mercredi, a ajouté Me Diagne.
Selon ses avocats et ses partisans, Karim Wade refuse de comparaître depuis mercredi en l’absence de ses conseils après que l’un d’eux a été "expulsé de l’audience" le même jour par le président de la Cour, Henri Grégoire Diop, provoquant un boycott de ses autres confrères de la défense.
Après son refus de comparaître, M. Wade a été, mercredi, "de force présenté à l’audience, menotté, gravement frappé, traîné par terre et blessé", selon un communiqué du Parti démocratique sénégalais (PDS) dirigé par son père Abdoulaye Wade, qui a présidé le Sénégal de 2000 à 2012.
Karim Wade, en détention préventive depuis avril 2013, est jugé depuis le 31 juillet 2014 pour enrichissement illicite présumé par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), une juridiction spéciale.
Ses avocats ne se sont pas présentés à l’audience jeudi. "On (participera) aux audiences quand l’exercice de la défense sera garanti. Sinon, on risque de cautionner des juridictions indignes d’une démocratie", a dit Me Diagne selon qui "la profession d’avocat ne peut pas s’exercer devant la CREI". "Tout le monde a droit la parole, sauf la défense" dans ce procès, a déclaré à la presse jeudi Me Ciré Clédor Ly, un autre avocat de M. Wade.
Mais selon Me Yérim Thiam, un avocat de la partie civile, l’avocat expulsé de l’audience mercredi l’a été "parce qu’il bloquait" les travaux.
Karim Wade est accusé d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller, puis ministre de son père.
D’après la défense, son patrimoine est d’environ deux millions d’euros, gagnés pour l’essentiel quand il était trader en Europe avant de travailler auprès de son père.
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