Dakar, 14 jan 2015 (AFP) - Un opposant gambien qui avait été arrêté à Dakar après l’attaque du 30 décembre contre le palais présidentiel de Banjul a été expulsé du Sénégal vers la France, a annoncé mercredi son avocat. Sheikh Sidya Bayo, qui possède également la nationalité française, "a quitté Dakar hier (mardi)" soir pour Paris, a déclaré à l’AFP Me Bamba Cissé qui a dit l’avoir accompagné à l’aéroport.
M. Bayo avait été arrêté le 3 janvier à Dakar et accusé d’atteinte à "l’ordre public sénégalais", après l’attaque contre le palais présidentiel alors que le président gambien Yahya Jammeh était absent du pays. Le ministère de l’Intérieur avait peu après décidé de l’expulser du Sénégal.
Dans une vidéo diffusée le 29 décembre 2014 sur Youtube, Sheikh Sidya Bayo avait appelé les Gambiens à se soulever contre le président gambien Jammeh.
"Dans les termes de son séjour au Sénégal en tant qu’opposant, il (M. Bayo) devait s’abstenir de tout acte de sédition ou de subversion pouvant mettre en cause la stabilité d’un Etat voisin", avait expliqué à la presse le ministre sénégalais de la Justice, Sidiki Kaba.
Les avocats de M. Bayo avaient saisi la Cour suprême du Sénégal pour s’opposer à son expulsion du pays mais la juridiction a confirmé mardi la décision initiale, selon Me Cissé.
M. Bayo réside habituellement en France, où il est né, et séjourne régulièrement au Sénégal, seul pays ayant des frontières terrestres avec la Gambie, ex-colonie britannique, totalement enclavée dans son voisin à l’exception de sa façade atlantique.
Selon des sources militaires gambiennes, l’attaque contre le palais présidentiel à Banjul a été lancée le 30 décembre vers 03H00 (locales et GMT) par des hommes lourdement armés venus par pirogue à Marina Parade, sur la corniche est de Banjul, où est situé le palais présidentiel.
Cet assaut a eu lieu en l’absence du chef de l’Etat, alors en séjour privé à Dubaï.
Le Sénégal avait "fermement" condamné cette attaque. Au pouvoir depuis 20 ans, le président Jammeh a souvent accusé Dakar d’accueillir des "opposants gambiens".
Dans le conflit en Casamance, une rébellion indépendantiste qui dure depuis 1982 dans le sud du Sénégal, Banjul a souvent joué les bons offices tout en étant accusé de soutenir les rebelles.
En août 2012, les relations entre les deux pays, toujours compliquées, avaient connu un regain de tension après l’exécution en Gambie de neuf condamnés à mort, dont deux Sénégalais.
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