Dakar, Un policier congolais considéré comme suspect dans l’enquête sur la mort, en 2010 à Kinshasa, du défenseur des droits de l’Homme Floribert Chebeya, a été inculpé d’assassinat et torture au Sénégal, où il vit depuis environ un an, ont annoncé les plaignants vendredi.
Ce policier, le major Paul Mwilambwe, a été entendu jeudi par un juge d’instruction au tribunal régional de Dakar, qui l’a inculpé, a déclaré à l’AFP Me Assane Dioma Ndiaye, avocat des familles Chebeya et Bazana et un des plaignants dans le dossier.
Il est poursuivi notamment pour "homicide volontaire sur les personnes de Floribert Chebeya et de son chauffeur Fidèle Bazana, homicide ayant été précédé des circonstances aggravantes de préméditation et de guet-apens", a précisé Me Ndiaye, par ailleurs responsable de la Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH).
"Pour faire simple, on peut dire qu’il a été inculpé d’assassinat. Il a aussi été inculpé d’actes de torture" et laissé en liberté sous contrôle judiciaire, a-t-il affirmé.
"Son passeport lui a été retiré et il a l’obligation de se présenter au cabinet (du juge) une fois par mois. Il sera entendu dans le fond dans les jours à venir", a-t-il ajouté.
Ces poursuites et ce contrôle judiciaire ont été confirmés par neuf organisations africaines et internationales de défense des droits humains dans un communiqué conjoint diffusé vendredi par la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).
Elles font suite à une plainte avec constitution de partie civile déposée contre M. Mwilambwe en juin 2014 par des avocats des familles Chebeya et Bazana, une procédure elle-même précédée d’une simple plainte, déposée en janvier 2014 et qui était demeurée "sans réponse", selon les ONG.
Floribert Chebeya a été retrouvé mort dans sa voiture en périphérie de Kinshasa le 2 juin 2010 après s’être rendu à l’inspection générale de la police congolaise pour y rencontrer le chef de la police de l’époque, le général John Numbi.
Fidèle Bazana est porté disparu depuis la nuit du 1er au 2 juin 2010. Chebeya et Bazana "s’étaient présentés à la direction" de la police "et n’en sont pas sortis vivants", soutiennent les ONG.
Selon Me Ndiaye, Paul Mwilambwe est "un acteur de cette tragédie", il était présent dans les locaux de la police "au moment des faits" peu après lesquels il s’est enfui "en Afrique centrale, il est au Sénégal depuis environ un an".