Une soixante d’inspecteurs et enseignants de l’inspection d’académie de Dakar se sont imprégnés mercredi à Dakar, lors d’une séance de restitution, des résultats de l’évaluation des apprentissages des enfants menée dans la capitale sénégalaise par le programme Jangandoo (apprendre ensemble).
« L'objectif est d'avoir une idée sur le travail fait par le Lartes (Laboratoire de recherche sur les transformations économique et sociales) », a dit l'inspecteur d'académie Seyni Diop.
Jangandoo, a-t-il rappelé, intervient à la fin du Programme décennal de l'éducation et de la formation (PDEF) et l'avènement du Programme d'amélioration de qualité, de l'équité et de la transparence (Paquet).
« Le ventre mou du système éducatif sénégalais réside dans l'évaluation », affirme M. Diop.
Mme Fatou Sarr membre de l'équipe du LARTES estime que le programme Jangandoo a pour objectif de jauger les acquis des enfants âgés de 6 à 18 ans, qu'ils soient ou non scolarisés.
« Ce qu'on attend de vous c'est de nous proposer des solutions pour améliorer le niveau d'apprentissage des enfants », a-t-lle dit à l'endroit des inspecteurs, proviseurs de lycées, maîtres d'école et enseignants.
Concernant les résultats obtenus lors de l'évaluation 2013 des apprentissages des enfants, l'inspecteur Dimé Diop de l'inspection départementale de l'éducation nationale (IDEN) de Pikine (banlieue dakaroise), a révélé que 1.023 ménages ont été visités à Dakar dont 994 ménages urbains et 29 ruraux.
Les tests administrés aux enfants sont la lecture, le calcul et la culture générale avec plusieurs items pour les deux premiers.
« Les caractéristiques des ménages enquêtés et des enfants évalués révèlent que 36,7% vivent en milieu urbain contre 63,3% en milieu rural », avance M. Dimé Diop.
Près de 79% des ménages enquêtés sont dirigés par des hommes.
Concernant le niveau d'instruction des chefs de ménages, 24,8% n'ont aucun niveau d'instruction, 30,1% un niveau primaire et 15,8% un niveau secondaire.
Selon Mme Sarr, les enfants de plus de 8 ans qui fréquentent un lieu d'apprentissage ont un taux d'échec de 46,6% en lecture, 63,5% en calcul et 9,3% en culture générale.
Pour l'arabe, les taux d'échec sont de 91,4% en lecture, 92,7% en calcul et 14,1% en culture générale.
« De façon générale, plus on avance dans les classes supérieures, plus le taux d'échec au test global décroit », explique-t-elle.
Néanmoins, elle a interpellé les principaux des collèges en ce sens que les enfants de ces établissements ont un taux d'échec de 22,9% alors que le niveau médian des tests correspond à la troisième année d'apprentissage du cours élémentaire (CE1).
Mme Sarr a avancé d'autres indicateurs justifiant les performances médiocres des enfants aux tests. C'est le cas par exemple du niveau d'instruction du chef de ménage, les conditions de vie et d'étude de l'enfant.
A l'issue de la présentation, les acteurs de l'éducation se sont inquiétés des résultats des résultats du programme Jangandoo au titre de l'année 2013.
Ce qui fait dire par exemple à Mme Coly proviseur du Lycée Thierno Seydou Nourou Tall que « en attendant l'institutionnalisation de l'audit de l'enseignement, le partage des résultats de Jangandoo suffit largement pour produire le déclic ».
Plusieurs questions ont néanmoins été soulevées par les inspecteurs et enseignants comme la corrélation entre l'évaluation de Jangandoo et celles réalisées antérieurement par le ministère de l'éducation, l'impact de la télévision sur les résultats des enfants, le degré d'adaptabilité des items par rapport à la cible ou encore la problématique de l'introduction des langues nationales dans le système éducatif.
