Oumar Diakité, plus connu sous le pseudo Odia, célèbre caricaturiste sénégalais, s’est dit ''meurtri'' par l’attentat contre le journal satirique français Charlie Hebdo, estimant ''qu’un pan de la profession s’est affaissé'' avec l’assassinat ‘’d’éminents confrères'' qui l'’ont toujours inspiré.
‘’En tant qu’être humain, je suis meurtri par ce qui s’est passé en France. En tant que confrère cela me dépasse carrément’’, a réagi Odia caricaturiste au quotidien La Tribune, dans un entretien téléphonique avec l’APS.
Oumar Diakité, qui a marqué la presse sénégalaise avec ses caricatures collées à l’actualité nationale notamment, est connu pour ses passages à l’Info7, à l’hebdomadaire satirique Cafard Libéré, au journal Le Quotidien, à Cocorico ou encore au Week-end magazine.
Odia dit connaitre quelques-uns des personnes qui ont été tuées dans l’attentat de Charlie Hebdo. ‘’J’ai eu à rencontrer Cabu et Georges Wolinski dans des festivals qui regroupaient des caricaturistes du monde entier. Ils étaient d’éminents confrères’’, a-t-il confié, la voie empreinte d’émotions.
‘’Cabu était un modèle pour moi. Il m’a beaucoup marqué. Je pleure parce que je ne lirai plus ses exceptionnels dessins dans le canard enchainé. Une grosse perte pour le journalisme satirique, pas seulement pour Charlie Hebdo’’, a-t-il poursuivi.
‘’Lorsque j’ai eu l’information ce matin, j’ai souhaité que mon modèle Cabu n’en fasse pas partie. Mais hélas, il est parti. Quelle grosse perte pour le métier !’’, s’est exclamé Odia dont les dessins à travers la presse locale sont très prisés.
‘’Cela commence à faire date. Mais j’ai rencontré encore Cabu en 1996 dans un autre festival. Il travaillait à Paris-Match (…) je n’en reviens toujours pas après son assassinat’’, a souligné le caricaturiste sénégalais.
Interrogé sur la ligne de conduite de ces caricaturistes de Charlie Hebdo, très enclin à attaquer même aux croyances des gens, Odia estime que ‘’ce journal n’a pas d’interdits, pas de tabous’’.
‘’C’est une ligne éditoriale très dure. Charlie Hebdo est un véritable espace d’expression de la liberté, un journal où l’interdit n’existe pas. Tout se dit et tout s’écrit’’, a-t-il expliqué.
‘’Tout a été planifié par les assassins. Il y avait une intention réelle d’éliminer les ténors du métier. Ils ont attendu que tous soient réunis en salle de rédaction en même temps avant de les attaquer. C’était programmé d’avance’’, a-t-il estimé.
Douze personnes au moins, dont deux policiers, ont été tuées et huit autres blessées mercredi à Paris dans une fusillade au siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, un attentat que François Hollande a qualifié de terroriste.
Cette attaque est considérée comme la plus meurtrière commise en France depuis les vagues d'attentats islamistes à Paris en 1986 (12 morts dans une dizaine d'attentats) et 1995 (huit morts et près de 120 blessés dans le RER B à la station Saint-Michel).
Le chef de l'Etat français François Hollande a annoncé, mercredi, un deuil national, jeudi. Il a déclaré que pendant trois jours les drapeaux seront mis en berne.