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Le Quotidien N° 3577 du 6/1/2015

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OFNAC - Déclaration de patrimoine : La fuite en avant de Nafi
Publié le mercredi 7 janvier 2015   |  Le Quotidien


Nafi
© Autre presse
Nafi Ngom directrice nationale de l`Office Nationale contre la Fraude et la Corruption.


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La loi instituant l’OFNAC ainsi que le décret sur la déclaration du patrimoine offrent à l’institution et à sa présidente des pouvoirs exorbitants pour faire rendre gorge à tous les assujettis récalcitrants. On se demande alors quel but vise sa présidente à vouloir porter presse au lieu de mettre en œuvre les pouvoirs qui lui sont conférés.

Le journal EnQuête a donné hier des détails supplémentaires concernant les prises de position de Mme la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption. Après sa dernière sortie sur les ondes de la Rfm, Mme Nafy Ngom Keïta aurait exprimé l’intention de porter plainte contre le ministre des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye, et contre le journaliste Cheikh Yérim Seck. Et au passage, EnQuête informe que dans «une missive adressée à ses proches», Mme Keïta a révélé le nom du ministre qui l’avait appelé à minuit, précisant qu’il s’agissait de Mankeur Ndiaye. Le débat ayant été déjà largement posé sur la capacité de Mme Nafy Ngom Keïta à respecter les devoirs de sa charge, notamment et en particulier celui de la réserve, il s’agit de voir pourquoi elle n’use pas des prérogatives de sa charge pour contraindre les assujettis à se soumettre à la déclaration de leur patrimoine ? On sait que l‘OFNAC a pour mission, la prévention et la lutte contre la fraude, la corruption, les pratiques assimilées et les infractions annexes, et qu’il vise à promouvoir l’intégrité et la probité dans la gestion des affaires publiques. La loi, qui a servi à sa mise en place, la pourvoit également des moyens pour faire respecter ce pouvoir.
Ainsi, on sait que le décret sur la déclaration de patrimoine prévoit que cette dernière soit faite dans les 3 mois après la prise de fonction des concernés. Et l‘article 7 dudit décret indique que «l’inobservation de l’obligation de déclaration de patrimoine, sans fait justificatif et sérieux et à l’échéance d’un délai de trois mois après un rappel par exploit d’huissier notifié à la diligence de l’OFNAC, à personne ou à domicile entraînera des conséquences : si la personne concernée est élue, elle sera privée d’un quart de ses émoluments jusqu’à ce qu’elle fournisse la preuve de l’accomplissement de l’obligation. Et si le concerné relève de l’ordre administratif, l’autorité de nomination pourra, pour ce seul fait, décider de la perte de la position ayant généré l’obligation de la déclaration de patrimoine». C’est donc d’une véritable «bombe» que dispose Nafy Ngom Keïta qui n’a pas besoin, par ce fait même, de «porter presse».
Elle n’a, à première vue, pas besoin de se répandre sur les gens, en public en plus, car elle a certainement bien voulu qu’une correspondance dite privée se retrouve dans les journaux. Si elle estime que des personnes corrompues utiliseraient de l’argent public pour s’en prendre à sa réputation, elle a justement là une bonne occasion, en plus de tous les moyens de justice et de la loi, pour faire abattre sur ces personnes les rudes coups de la loi. De plus, elle est aidée par la directive donnée par le président de la République, en plein Conseil des ministres, pour imposer à chacun des membres du gouvernement de faire sa déclaration au plus tard le 31 décembre dernier. Le délai étant dépassé, elle ne pourrait ignorer ce qu’elle a à faire.
Autrement, l’opinion serait fondée de croire que Mme la présidente de l’OFNAC, en se répandant impunément dans la presse pour mettre à mal l’honneur et la réputation des ministres et hauts fonctionnaires de la République, poursuit, comme à son habitude, comme à l’époque de l’affaire des chantiers de Thiès, une mission précise, et qu’elle serait en service commandé. Ou alors, au-delà de Mankeur Ndiaye et Cheikh Yérim Seck qu’elle vient de jeter en pâture, elle viserait d’autres personnes encore. Quoi qu’il en soit, son jeu va forcément se préciser dans les jours à venir.
N’empêche que, comme on l’avait déjà dit, toutes ses sorties finissent par décrédibiliser l’institution qu’elle représente et la fragilisent. Et par contrecoup, donnent raison à ceux des assujettis qui ont une certaine frilosité à lui confier le secret de leur patrimoine. Quelle garantie auront ces gens que cette personne, qui n’hésite pas à se vanter qu’elle pourrait ébranler la République si elle faisait part de tout ce qu’elle sait, ne s’empresserait-elle pas de rendre publics leurs avoirs ?

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