Les avocats de l'opposant gambien Sidia Bayo réclament dans une requête adressée à la Cour suprême du Sénégal l'annulation de l'arrêté ministériel prononçant son expulsion du territoire sénégalais.
Assane Dioma Ndiaye, Abdoulaye Tine et Bamba Cissé estiment que la décision du ministère de l'Intérieur et de la Sécurité publique d'expulser M. Bayo du Sénégal résulte d'un "excès de pouvoir". L'opposant gambien avait été arrêté en fin de semaine dernière par la Police sénégalaise.
Sur les ondes d'une radio sénégalaise, Sidia Bayo a déclaré qu'il saluait le coup d'Etat que des hommes armés ont tenté de perpétrer en Gambie, la semaine dernière. Le gouvernement sénégalais avait pour sa part dénoncé une "tentative de renversement du régime du président" Yahya Jammeh.
En raison de cette réaction, Sidia Bayo "a été interpellé par la Police sénégalaise à son domicile, aux Mamelles (Dakar), dans la nuit du 2 au 3 janvier. Et [il est] depuis lors détenu dans les locaux du commissariat central de Dakar, sans explication aucune", affirment ses avocats dans une requête adressée à la chambre administrative de la Cour suprême du Sénégal.
"Après 24 heures de détention, un arrêté d'expulsion du territoire sénégalais lui a été notifié", ajoutent-ils dans ce document dont une copie est parvenue mardi à l'APS.
Il ne "ressort dudit arrêté aucune motivation" de l'expulsion de M. Bayo, soutiennent Assane Dioma Ndiaye, Abdoulaye Tine et Bamba Cissé. Ils font valoir que l'opposant gambien "séjourne au Sénégal en vertu d'un visa en bonne et due forme".
"La seule référence au trouble à l'ordre public", faite par le ministère de l'Intérieur, "est un motif imprécis et inadéquat", selon les avocats de M. Bayo.
Cette mesure "mérite annulation", affirment-ils, estimant que "rien dans le contenu de l'arrêté ne permet de retenir un trouble ou un éventuel trouble à l'ordre public de nature à fonder la décision d'expulsion ordonnée".
A Banjul, la capitale de la Gambie, pays enclavé dans le Sénégal, des soldats ont attaqué le palais présidentiel, la State House, avant d'être repoussés, dans la nuit du 29 au 30 décembre 2014.
Le président Yahya Jammeh effectuait une visite privée à Dubaï (Emirats arabes unis), au moment de l'attaque, selon plusieurs médias.
Il dirige la Gambie depuis le 22 juillet 1994, après un coup d'Etat qui a écarté Dawda Jawara du pouvoir.
Elu pour la première fois en 1996 et réélu plusieurs fois ensuite, M. Jammeh a essuyé plusieurs tentatives de renversement.
Les organisations de défense des droits de l’homme ne cessent d'alerter la communauté internationale sur les violations des droits humains en Gambie, où les militants de l'opposition politique et les journalistes sont souvent réprimés.