Dakar, 3 jan 2015 (AFP) - Un opposant gambien a été interpellé aux premières heures de samedi à Dakar par la police, quatre jours après l’attaque armée ayant visé le palais présidentiel à Banjul, a-t-on appris auprès de son entourage et de son avocat.
Sheikh Sidya Bayo a été interpellé samedi à "02H00 (GMT et locale) par la police" dans un quartier résidentiel de Dakar. "Il est au commissariat central de Dakar", a affirmé à l’AFP un membre de son entourage.
L’information a été confirmée à l’AFP par son avocat, Me Asssane Dioma Ndiaye, qui a indiqué que l’interpellation de M. Bayo avait eu lieu dans un hôtel de Dakar.
"Il risque d’être expulsé du Sénégal", a craint Me Ndiaye, précisant ne pas avoir été informé des raisons de cette interpellation. La police n’était pas joignable samedi matin.
Sheikh Sidya Bayo, critique contre le régime du président Yahya Jammeh, réside habituellement en France, où il est né, et séjourne régulièrement au Sénégal, seul pays ayant des frontières terrestres avec la Gambie.
Il avait déclaré dans la presse sénégalaise mardi, jour de l’attaque contre le palais présidentiel à Banjul, que cet assaut était "un début de mutinerie qui s’est transformée" en tentative de prise du pouvoir.
Le président Jammeh a démenti dans la nuit de mardi à mercredi une tentative de putsch et évoqué une attaque de "terroristes soutenus par des puissances" étrangères, évoquant "des dissidents basés aux Etats-Unis, en Allemagne et au Royaume-Uni".
Selon des sources militaires gambiennes, l’attaque lancée mardi vers 03H00 (locales et GMT) a été menée par des hommes lourdement armés venus par pirogue à Marina Parade, sur la corniche est de Banjul, où est situé le palais présidentiel.
Le Sénégal avait "fermement" condamné mercredi cette attaque. La Gambie, ex-colonie anglaise, est un petit pays totalement enclavé dans le Sénégal à l’exception de sa façade maritime sur l’Atlantique.
Au pouvoir depuis 20 ans, le président Jammeh a souvent accusé le Sénégal d’accueillir des "opposants gambiens".
Dans le conflit en Casamance, une rébellion indépendantiste qui dure depuis 1982 dans le sud du Sénégal, Banjul a souvent joué les bons offices tout en étant accusé de soutenir les rebelles.
En août 2012, les relations entre les deux pays, toujours compliquées, avaient connu un regain de tension après l’exécution en Gambie de neuf condamnés à mort, dont deux Sénégalais.
Ces exécutions avaient suscité la colère du président sénégalais Macky Sall, qui avait dénoncé "le mépris" de Banjul pour la vie humaine.
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