Les bénéficiaires des bourses de sécurité familiale vont doubler cette année et la tendance a des chances d’être maintenue jusqu’à l’élection présidentielle de 2017. A défaut d’un bilan économique satisfaisant, le candidat sortant Macky Sall comptera sur près d’un demi-million de boursiers, histoire de sécuriser sa réélection.
Le Président Macky Sall n’est pas un politique philanthrope. Il travaille pour un second mandat. Son discours de fin d’année vend la stratégie diluée dans un énoncé qui cache des non-dits. Comme les autres, le chef de l’Etat a emprunté les méthodes de la «politique du ventre». «Dans l’esprit de solidarité en faveur des plus démunis, j’ai décidé de doter le Programme de bourses de sécurité familiale d’une enveloppe de 20 milliards de F Cfa en 2015, pour 100 mille nouveaux ménages, soit un total 200 000 familles bénéficiaires», promet-il. Cette audace du président de la République ne s’inscrit ni sur une étude d’impact des allocations des deux dernières années ni sur un simple souci de partage des richesses. En décidant de doubler le nombre de bénéficiaires, il travaille pour l’élection présidentielle de 2017. Si l’accélération annoncée est maintenue, le candidat Macky Sall pourrait espérer compter sur 400 mille chefs de ménage boursiers et potentiels électeurs «reconnaissants», en lieu et place de l’objectif initial de 250 mille officiellement proclamé, le jour du lancement du projet. En dépit du montant dérisoire et des capacités de résistance, cette approche alimentaire de la «solidarité» ne manquera pas d’effets sur l’électorat du candidat sortant. De quoi rester dans le jeu. Les trois dernières élections présidentielles ont révélé qu’il suffit d’avoir une moyenne de 500 mille voix pour se qualifier au deuxième tour.
Les omissions délibérées
Apparemment, Macky Sall semble trouver son bon filon social dans un contexte où des secteurs économiques névralgiques agonisent. Dans son adresse du 31 décembre, le chef de l’Etat a fait le choix de les omettre. Le tourisme qui employait 100 mille Sénégalais se meurt, ceci bien avant l’avènement de la maladie Ebola. Le secteur industriel bat de l’aile si bien que le dernier rapport de la Direction des prévisions et des études économiques en fait cas. Quid donc de l’emploi des jeunes ? Le chef de l’Etat n’a consacré la moindre syllabe à ce défi majeur. Les promesses de 2012 étaient de créer 500 mille emplois par an ; ambitions revues à 300 mille.
Macky se P(è)se électoralement
Il se trouve que les chantiers du Pse vont prendre des années pour sortir de terre. Le secteur agricole ne rassure point à cause de la dépendance à la pluviométrie. Les autres secteurs de l’économie ne sourient guère non plus. Dans cette grisaille politique compromettante, le candidat Sall œuvre à surfer sur la sensibilité des familles boursières pour coudre son filet de sécurité électorale, à l’heure du bilan.