Karim Wade ne passera donc pas le réveillon en famille : en effet, la demande de mise en liberté provisoire introduite par ses avocats a été rejetée hier lundi 29 décembre par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI). Raison invoquée : « risque de troubles de l’ordre public ». Même fin de non- recevoir pour Mamadou Pauye, actionnaire d’une société aéroportuaire et poursuivi pour « complicité d’enrichissement illicite ».
Nouvelle déception donc pour la famille Wade et ses partisans qui espéraient voir l’ex-ministre goûter ne serait-ce qu’aux délices de la liberté provisoire.
Certes, en matière de prévention de dérapages sociopolitiques, aucune mesure, aussi sévère soit-elle, ne sera jugée de trop. Mais la décision judiciaire que vient de prononcer le président de la Cour, Henri Grégoire Diop, aura sans nul doute de la peine à passer au sein d’une bonne frange de l’opinion publique sénégalaise.
Car, si c’est vrai que les partisans de Karim Wade « ont à plusieurs reprises perturbé l’audience », on les voit mal s’adonner à des actes de vandalisme une fois leur champion dehors. On le sait, une libération provisoire du célèbre prisonnier de Rebeuss aurait donné lieu à des scènes de liesse et à des regroupements devant son domicile. Et si c’est ça que craint la CREI, autant dire que l’ex-ministre ne sera jamais un jour libéré, même temporairement.
Car quelle que soit la durée de sa détention, les premiers jours du retour au bercail de Karim donneront lieu à des manifestations de joie.
En rappel, le fils de l’ancien président sénégalais Me Abdoulaye Wade est poursuivi pour enrichissement illicite portant initialement sur la gigantesque somme d’un milliard d’euros, montant qui s’est réduit au fil du temps à 178 millions d’euros. Peu importe le montant pour les juges, qui tiennent à ce que le célèbre prisonnier de Rebeuss justifie l’origine de sa fortune.
Le procès a débuté le 31 juillet 2014 puis a été suspendu. Mais il avait repris avec deux faits nouveaux : le limogeage du procureur Adiou Ndao et son remplacement par Cheick Tidiane Mara et la comparution de l’homme d’affaires Bibo Bourgi, témoin-clé du dossier.
Ce refus d’accorder la liberté provisoire à Karim va le convaincre davantage que ce procès n’est pas judiciaire mais politique pour mettre hors d’état de nuire un adversaire même si son épaisseur politique reste à prouver. Au rythme où vont les choses, le président Macky Sall, comme nous l’aurons déjà écrit dans nos précédents éditoriaux, sera l’otage de son prisonnier, car plus Wade fils dure dans sa prison de Rebeuss, plus il est vu comme un prisonnier politique.