Dakar (Sénégal) L’ancien président tchadien, Hissène Habré, désapprouve la rencontre, le 17 décembre dernier à Dakar, entre le chef de l’Etat tchadien, Idriss Déby, et son principal défenseur, l’avocat Me El Hadj Diouf.
M. Habré souligne que «l'opération Maître El Hadj Diouf heurte les consciences, viole les règles déontologiques de la profession d'avocat, mais aussi et surtout nous édifie, chaque jour, sur le fossé immense entre le discours sur une gouvernance démocratique et vertueuse et une pratique politique nauséabonde" de l'actuel régime sénégalais.
«Le Président Habré n'a pas été informé par Me Diouf de cette rencontre. C'est donc pour son compte personnel qu'il (l'avocat) est allé à ce rendez-vous. La défense condamne fermement les méthodes déployées par les autorités politiques sénégalaises, pratiques qui sont l'expression d'un abus de pouvoir dominant d'une part et traduisent leur implication dans les manœuvres visant à nuire à la défense d'autre part. Il est important que cet état de fait soit compris par l'opinion nationale et internationale», fustige la défense dans un communiqué reçu à APA.
Le texte précise que la rencontre entre les deux hommes s'est déroulée en marge du Forum de Dakar Forum sur la Paix et la Sécurité en Afrique.
La défense souligne que Me El Hadj Diouf a porté la cause de la défense du Président Habré pendant 14 années, «avec engagement sur tous les fronts judiciaire, politique et médiatique, mais il a désormais choisi une autre voie, sans mandat ni concertation aucune avec le Président Habré».
«En revanche, il s'est concerté d'une part, avec Idriss Déby qui a fait condamner à mort le Président Habré en 48 heures aux termes d'une mascarade judiciaire et d'autre part, avec ceux qui sont impliqués au premier plan dans l'opération de liquidation du Président ! Nous prenons acte du choix qu'il a fait et de sa nouvelle vision de l'affaire», ajoute le communiqué.
De son côté, l'avocat réaffirme sa fidélité à Hissène Habré et informe qu'il ne le trahira jamais. «Moi, j'ai donné ma vie à Habré. Depuis 14 ans, je me bats pour lui. J'ai affronté les forces de l'ordre publiquement, au risque de ma vie. J'ai subi des épreuves physiques.
Je l'ai défendu partout. Mais si je vois que Deby est en train de tourner le dos aux Chambres africaines extraordinaires, qu'il a posé des actes concrets, je crois que l'ennemi de mon ennemi est mon ami. L'ennemi des Chambres africaines extraordinaires, c'est Deby. Le rencontrer, ça ne doit pas surprendre», dit Me El Hadj Diouf.