La présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac), Nafi Ngom Ndour, qui était hier l’invitée de l’émission «Grand jury» de la Radio futurs médias (Rfm), a levé un coin du voile sur la prise de gueule qui l’a opposée à certaines personnes assujetties à la déclaration de patrimoine.
L’application de la loi relative à la déclaration de patrimoine risque de ne pas être de tout repos pour l’Ofnac. Malgré l’ultimatum que le Président Macky Sall avait fixé aux ministres et autres personnes assujetties, les choses ne semblent pas beaucoups bouger . Nos confrères du journal Enquête, dans leur édition du vendredi 26 décembre 2014, ont fait état «d’une prise de gueule ayant opposé la présidente de l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption à certaines personnalités de l’Etat». Selon nos confrères, des personnes assujetties «ne comptent pas se soumettre à la déclaration de patrimoine telle qu’elle est organisée». Interpellée hier sur la question à l’émission «Grand jury» de la Radio futurs médias (Rfm), Mme Nafi Ngom Ndour, par ailleurs ancienne Inspectrice générale d’Etat (Ige), a avoué qu’un ministre l’a réveillée vers minuit et demi pour dire qu’il ne veut pas déclarer son patrimoine. Mieux, elle souligne qu’un autre aussi a appelé ses collaborateurs pour dire des «choses qui ne sont pas dignes d’un ministre de la République». Selon la présidente de l’Ofnac, les gens veulent toujours négocier. Pis, indique Mme Ndour, «il y a des gens qui veulent que je mette la loi et les procédures de côté et que je reçoive leur déclaration de patrimoine comme ils le veulent». Elle ajoute : «Certaines personnes veulent faire leur déclaration sans justification. Et d’autres disent qu’ils ne peuvent pas déclarer leurs avoirs bancaires.» Estimant qu’elle ne doit pas faire peur, la présidente de l’Ofnac dit être «une dame très douce et très engagée», qui fait son travail avec «détermination, patriotisme, loyauté, discernement et jugement professionnel». Pour elle, la loi sur la réception et le contrôle des déclarations de patrimoine est extrêmement importante dans le dispositif national d’intégrité. Mais l’ancienne Ige souligne que le refus de certaines personnes de déclarer leur patrimoine pose problème dans l’application de cette loi. A côté de ces personnes, elle précise qu’il y a des ministres qui sont favorables à son application. La présidente de l’organe a aussi précisé que l’Ofnac n’a pas de lien de subordination avec le chef de l’Etat et les membres de son Cabinet.
Par rapport à la politique de bonne gouvernance, Mme Ngom Ndour a d’abord rappelé les cinq domaines de compétence de l’institution qu’elle dirige, à savoir : la prévention en matière de criminalité économique et financière, la réception et le traitement des plaintes des citoyens, les enquêtes et investigations, les audits et les vérifications, et la recherche d’action. Avant d’affirmer que l’Ofnac a reçu plus de 60 plaintes.