Le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime qui était en tournée à Joal-Fadiouth, a décidé de prendre des mesures «ardues», afin de faire face à la capture des petits poissons.
Le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime entend lancer une croisade contre la pêche aux juvéniles. «C’est écœurant de voir sur les plages ou sur les sites de transformation des centaines de milliers de juvéniles à terre. Nous allons prendre des mesures très ardues pour faire cesser cette capture, car ces juvéniles sont appelées à grandir pour constituer la ressource de demain. Nous ne laisserons personne gâcher cette ressource», a avertit Oumar Guèye, qui était en tournée à Joal-Fadiouth et à Mbour. Partout où le ministre est passé, les acteurs de la pêche ont déploré la recrudescence de ce phénomène qui porte un grand préjudice à l’économie maritime. «Nous sommes victimes d’un traitement inhumain, les agents de la pêche nous font subir des amendes sur la capture aux juvéniles et pourtant ce n’est pas nous qui capturons ces petits poissons. Nous ne faisons que le fumage. Les agents du service des pêches devraient d’abord commencer par interdire aux pêcheurs de capturer ces juvéniles ; mais non, ils viennent ici sur le site qui est très loin du quai de pêche pour nous infliger des amendes», dénoncent les transformateurs du site de Tanne Ba, à Joal. De l’avis du Secrétaire général de la plateforme des pêcheurs artisanaux du Sénégal (Ppas), l’augmentation des captures de ces petits poissons est liée à l’insuffisance de ressources humaines et de matériels des services de pêche. Abdou Karim Sall explique : «Les services de pêche ont un problème d’effectif. Ce qui fait qu’ils ne peuvent pas surveiller les débarquements qui se font. Ils ont également un problème de matériel pour déterminer si la capture fait 12 cm ou 15 cm, ce qui fait qu’ils sont obligés d’arrêter les charretiers qui transportent le produit, mais aussi ceux qui la transforme. La réglementation est claire dans ce domaine, personne n’a le droit de capturer les sardinelles qui font moins de 12 cm». Aujourd’hui suggère le secrétaire général de la Ppas, «les autorités devraient sévir en servant de lourdes amendes d’abord aux piroguiers qui pêchent les juvéniles».
Les acteurs de la pêche ont également profité de la tournée du ministre pour lui soumettre d’autres préoccupations. A Khelcom, par exemple, Marianne Tening Ndiaye, responsable du Groupement d’intérêt économique (Gie) des femmes a indiqué que, «depuis 2005, le site de transformation de leur localité est en construction. Le projet avance lentement». Mme Ndiaye affirme : «450 fours et 1600 clés de séchage ont été construits ici, la seule chose que nous voulons aujourd’hui c’est que le site soit réceptionné pour que les femmes puissent venir y travailler». A Mballing, les femmes transformatrices qui travaillent sur ce site depuis 2000, ont embouché la même trompette. Leur présidente, Mame Penda Ndoye qui porte leur parole dit ceci à Oumar Guèye: «Depuis 2000, l’Etat nous a emmené ici et vous n’êtes pas sans savoir M. le ministre que c’est à cause du quai de pêche de Mbour que le Sénégal a eu son agrément de l’Union européenne. Mais, nous sommes confrontées à un sérieux problème de sécurité, le site n’a pas de clôture et le président de la République nous avait promis à Kayar de moderniser nos sites de transformation».
Très sensible à ces revendications, le ministre de la Pêche et de l’Economie maritime a fait savoir à ces acteurs de la pêche : «Tout ce que le président de la République vous a dit, il le fera, d’ailleurs c’est pourquoi je suis ici. Et dans les semaines à venir, une équipe du ministère viendra ici pour voir comment construire la clôture».