Après des débuts mornes, la 23ème Fidak enregistre une fréquentation plus importante. Et toutes les mesures d’hygiène sont prises pour se prémunir d’Ebola. Mais du fait de la cherté de certains articles, certains exposants ont du mal à tirer leur épingle du jeu. Ce qui n’est pas le cas des vendeurs de jouets.
En ce début d’après-midi, les abords du CICES grouillent de monde. Difficile de croire que l’on est un dimanche, jour habituellement consacré au repos. Trois jours après l’ouverture de la foire, l’affluence est enfin au beau fixe.
Plusieurs lavabos sont installés à l’entrée. Une précaution pour lutter contre le virus Ebola dont le dernier bilan, dressé par l’OMS, fait état de 7 300 victimes. L’épidémie a atteint une telle ampleur qu’elle a été à l’origine de l’annulation de certaines rencontres sous régionales. La Fidak étant justement un carrefour d’échanges accueillant des exposants venus de 24 pays, la prévention devient une nécessité.
Malheureusement, certaines personnes ne s’encombrent pas de précautions. ‘’Quand on demande à certains de se laver les mains, ils prétendent l’avoir déjà fait avant de sortir de chez eux. D’autres rétorquent qu’ils ne veulent pas se retrouver avec des mains sèches et sans crème ‘’, explique Mame Seynabou Faye, affectée à la surveillance des lavabos. La jeune femme se dit ‘’ indignée ‘’ par tant d’ ‘’imprudence ‘’. ‘’Ils semblent ignorer que ce petit geste civique peut préserver leur santé et celle de leur entourage ‘’. Toutefois, elle reconnaît que certaines personnes assez conscientes du danger se plient plus facilement à la proposition.
Passée l’étape du rinçage de mains, on se dirige vers l’emplacement des stands. Le son élevé de la musique qui en provient intensifie la chaleur ambiante sans doucher l’enthousiasme des visiteurs. En effet, il règne sur les lieux une ambiance festive. Les Ndaw sont venus visiter la Foire en Famille. Accompagnée de ses parents et de sa sœur, Sokhna ne cache pas son ravissement. ‘’ Vraiment, on trouve des choses très intéressantes dans cette foire. C’est un pur régal visuel ‘’, se réjouit-elle. Malheureusement, les dures réalités socioéconomiques l’obligent à faire preuve de réalisme dans ses dépenses.
‘’Nous aurions souhaité faire plus d’achats mais les moyens ne suivent pas‘’, regrette-t-elle. Mais qu’importe, pour Sokhna, le plus important est de passer une bonne journée en famille en explorant tous les stands. Le plaisir de la découverte, c’est aussi la principale motivation de la visite des élèves de l’école Médina 2. Venus de Thiès et accompagnés de leurs enseignants, ces écoliers, âgés de 6 à 12 ans, semblent très enjoués. ‘’C’est une sortie scolaire qui vise à permettre aux élèves de découvrir les richesses des pays participants‘’, confie Désirée Diop, institutrice. Agée de 11 ans, Fatou Lô en est à sa troisième visite. Visiblement séduite, elle a même acheté un jouet à son petit frère resté à Thiès.
Outre le textile, la cosmétique et les produits alimentaires, les jouets semblent être les invités de marque de cette 23ème édition de la Fidak. Voitures télécommandées, bicyclettes, maisons de poupées… Est-ce dû à la proximité de Noël ? En tout cas, Fatou Fall, la responsable du stand, espère faire fructifier ses affaires avec les fêtes de fin d’année. ‘’Même si les achats sont encore timides, on garde espoir‘’, confie-t-elle. Il faut dire que le coût élevé de certains jouets décourage les potentiels acheteurs. Bigué Sall ne pourra pas acquérir le véhicule téléguidé qu’elle souhaitait offrir à son petit garçon âgé de cinq ans. ‘’Le prix exigé, 150 mille francs, est excessif ‘’, se justifie-t-elle. Elle devra revoir ses ambitions à la baisse et choisir un cadeau beaucoup moins onéreux.
Non loin de là, dans le pavillon du Bénin, woodin et produits à base de plantes sont à l’honneur. Sur les étagères de cette pharmacie traditionnelle, sont disposés en ordre divers médicaments et produits cosmétiques. Tous les maux de la terre semblent y trouver un remède. Du rhumatisme à l’hypertension en passant par l’impuissance et les vers intestinaux. A côté de ces traitements pour maladies classiques, on y trouve des remèdes à des problèmes qui ne relèvent pas de la médecine. Ainsi on y propose des produits pour attirer la chance, combattre les mauvais esprits ou encore nouer une relation amoureuse durable.
‘’Ce sont des produits efficaces et surtout naturels donc sans effets secondaires’’, explique Roger en tendant à une cliente un papier sur lequel sont répertoriés l’ensemble des problèmes auxquels il propose un antidote. Apparemment, la publicité donne des résultats. ‘’Je peux dire que les gens viennent acheter’’, nous apprend-il. Awa Sarr, la vendeuse affectée au pavillon de l’Inde, ne peut pas en dire autant. Selon elle, la plupart des visiteurs se contentent d’apprécier ses bijoux sans se décider à acheter. ‘’Ils se disent que les prix auront baissé d’ici à la fin de la foire. Mais le prix restera le même’’, déclare-t-elle l’air amusée.
Graves problèmes environnementaux
Même si les achats sont encore timides, il y a une grande affluence. Une importante fréquentation qui favorise l’usage des sachets plastiques. En effet, la plupart des achats sont emballés avec cette matière. A cela viennent s’ajouter les sachets d’eau, les bouteilles en plastique, les canettes … Bref des produits non biodégradables jetés dans la nature et qui exposent à de graves problèmes environnementaux. C’est contre cette pollution que Modou Fall veut lutter.
Il se définit comme un ambassadeur de la propreté. Emmitouflé dans une tenue en plastique, il pousse un chariot contenant divers déchets plastiques ramassés un peu partout. ‘’ Mon accoutrement est un moyen de sensibilisation. Je veux attirer l’attention des gens sur le danger que représente la matière plastique’’, explique-t-il. Selon lui, le Sénégal devrait interdire l’usage de ce produit non biodégradable pour des raisons ‘’ évidentes ‘’. ‘’ Il défigure le paysage, détruit l’environnement marin, tue les animaux… ‘’. La foire étant considérée comme une vitrine, il entend y exposer son combat en faveur de l’environnement.