Dakar, 22 déc 2014 (AFP) - La Cour spéciale qui juge à Dakar pour enrichissement illicite présumé Karim Wade, ex-ministre et fils de l’ex-président sénégalais Abdoulaye Wade, a annoncé lundi qu’elle rendra le 29 décembre une décision sur une demande de liberté provisoire pour le prévenu, en détention préventive depuis avril 2013.
"L’affaire a été mise en délibéré pour le 29 décembre", a déclaré le président de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), Henri Grégoire Diop, à la reprise du procès de Karim Wade après trois semaines de suspension.
Le parquet et la partie civile ont déjà rejeté cette demande de liberté provisoire, mettant notamment en avant "un risque de subornation des témoins" et d’une fuite en France de Karim Wade qui, selon eux, "possède la nationalité française" en plus de la nationalité sénégalaise.
Une première demande de liberté provisoire pour le prévenu avait été rejetée par la Cour en juin, avant même l’ouverture, le 31 juillet, du procès.
Mais pour Me Madické Niang, un des avocats de la défense, les arguments du parquet et de la partie civile ne sont pas valables. Une liberté provisoire pour Karim Wade ne comporte, selon lui, "aucun risque de porter atteinte à la manifestation de la vérité. Il n’y a en droit rien qui pousse s’opposer" à cela.
Sur dix prévenus dans cette affaire, seuls deux dont Karim Wade sont maintenus en détention provisoire, selon la défense.
L’audience de lundi a été marquée par le retour à la barre d’un des principaux co-prévenus de M. Wade, Ibrahima Abou Khalil Bourgi, dit Bibo, un homme d’affaires présenté par l’accusation comme un "prête-nom" de M. Wade.
M. Bourgi avait été évacué vers la France début octobre pour des soins médicaux. La partie civile, craignant "une fuite" de M. Bourgi, s’était opposée à son départ pour la France.
L’audience de lundi a également été marquée par le premier réquisitoire du nouveau procureur spécial de la CREI, Cheikh Tidiane Mara, qui a remplacé Alioune Ndao, limogé en novembre, sans raisons officielles.
Karim Wade est accusé d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes du temps où il était conseiller puis ministre de son père.
D’après la défense, son patrimoine est d’environ deux millions d’euros, gagnés pour l’essentiel quand il était trader en Europe avant de travailler auprès de son père, qui a dirigé le Sénégal de 2000 à 2012.
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