Visage tout rond, teint clair, l’émotion à fleur de peau, Mari Hydara est une dame plus que décidée à faire en sorte que justice soit rendue à son père. Elle s’exprimait hier devant un parterre d’invités, à l’occasion de la célébration de l’an 10 de l’assassinat de son père.
Face à la presse hier, Mari Hydara, fille du journaliste gambien assassiné en 2004, a dit le souhait de sa famille de voir la lumière faite sur cette affaire. ‘’Après 10 ans de silence et d’impunité, il est temps que justice soit rendue à mon père qui, toute sa vie durant, s’est battu pour la liberté de la presse en Gambie et partout ailleurs’’, a déclaré Mari Hydara.
Présente au Sénégal, dans le cadre de la célébration des 10 ans de l’assassinat de Dayda Hydara, organisée par l’ONG Article 19 et ses partenaires, Mari Hydara s’est réjouie de la mobilisation de la presse et de l’opinion. ‘’Si c’est pour faire taire les voix que mon père a été tué, c’est peine perdue car aujourd’hui plus que jamais, la presse et les défenseurs des droits de l’Homme sont tous debout pour faire face à ses meurtriers’’, a-t-elle dit sur un ton chargé d’émotion.
A sa suite, la directrice du Bureau régional de l’ONG Article 19, Fatou Jagn Senghor, est longuement revenue sur la situation fragile de la liberté de la presse en Gambie. ‘’Depuis son arrivée au pouvoir, le gouvernement de Yahya Jammeh ne cesse de semer la peur et de faire preuve d'une extrême intolérance quant à une liberté d'expression pouvant mener à une quelconque opposition. Les droits humains sont constamment et régulièrement violés en Gambie’’, a-t-elle affirmé.
La CEDEAO appelée à plus de poigne
Dans une déclaration commune rendue publique hier, elle a soutenu que les défenseurs des droits humains, les journalistes, les opposants politiques, les critiques à l’égard de la politique gouvernementale, les agents publics et des citoyens subissent des manœuvres d'intimidation. Egalement des actes de harcèlement, des menaces de mort, des arrestations arbitraires, des incarcérations, des actes de torture, des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires et d’autres traitements dégradants et inhumains. Parmi ces violations du régime de Banjul ces 20 dernières années, il a été cité la sanglante répression de manifestations d’élèves en avril 2000, les exécutions de neuf (9) prisonniers, le meurtre non encore élucidé du journaliste Dayda Hydara, en 2004 etc.
Pour Seydi Gassama, il est temps que la CEDEAO et les pays de l’Afrique s’intéressent davantage à ce qui se passe en Gambie. ‘’C’est seulement en Afrique de l’Ouest qu’un chef d’Etat peut refuser d’appliquer une décision de la Cour de justice d’une organisation régionale comme la CEDEAO’’, se désole Seydi Gassama. Suffisant pour qu’il se fâche : ‘’J’interpelle la CEDEAO pour que Jammeh soit obligé d’appliquer la décision de justice qui a été rendu dans l’affaire Dayda Hydara.
De l’avis du secrétaire général du Syndicat national des professionnels de l’information et de la communication du Sénégal (SYNPICS), Ibrahima Khaliloulah Ndiaye, il est temps de mettre fin aux agissements du président gambien. Selon lui, Yahya Jammeh ne respecte personne et c’est à travers une action d’ensemble qu’il faut lui faire face. La célébration du 10e anniversaire de l’assassinat de Dayda Hydara se poursuit aujourd’hui mardi, avec la projection d’un film sur le parcours du journaliste au Goethe Institut.