Dakar, 15 déc 2014 (AFP) - Des organisations de défense des droits de l’Homme ont réclamé justice lundi à Dakar pour le journaliste gambien Deyda Hydara, dont la mort en 2004 dans la capitale gambienne Banjul reste non élucidée.
Deyda Hydara, journaliste critique du pouvoir gambien, a été tué par balle le 16 décembre 2004 à Banjul. Cofondateur du journal privé gambien The Point, il était aussi correspondant de l’Agence France Presse (AFP) et de Reporters sans frontières (RSF) en Gambie.
Son assassinat "est resté à ce jour impuni parce qu’(aucune) enquête sérieuse n’a pas été menée", a déclaré Seydi Gassama, responsable d’Amnesty International au Sénégal, lors d’une conférence de presse.
La conférence de presse était également animée par Article 19, la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Raddho), le Syndicat des professionnels de l’information et de la communication au Sénégal (Synpics), principal syndicat de la presse au Sénégal, pour commémorer l’assassinat de M. Hydara.
"Nous devons commémorer chaque année" cet assassinat "pour que l’exigence de justice soit tenue par le gouvernement gambien", a lancé Seydi Gassama.
La Cour de justice de la Cédéao avait rendu en juin une décision à l’encontre du gouvernement gambien au motif qu’il n’a pas diligenté d’enquête sur la mort de Deyda Hydara.
Malgré cette décision, "le gouvernement gambien continue à faire régner l’impunité", a regretté Mme Fatou Jagne de Article 19.
Pour Marie Hydara, fille du journaliste décédé, qui s’exprimait la voix étouffée par l’émotion, "dix ans se sont écoulés sans que les institutions supposées protéger les citoyens (en Gambie) s’en émeuvent (de l’assassinat de M. Hydara), sans que la décision de la Cédéao soit respectée".
Pour Ibrahima Khalilou Ndiaye, responsable du Synpics, le principal syndicat de journalistes du Sénégal, "il faut arrêter l’impunité en Gambie" d’où "ont fui énormément de journalistes" pour se réfugier notamment au Sénégal voisin.
Ex-colonie britannique, la Gambie est dirigée depuis 1994 par Yahya Jammeh, dont le régime est régulièrement accusé de violations des libertés et des droits de l’Homme.