La Chambre d’accusation a accordé la liberté provisoire à Bara Sady, mercredi. La défense travaille à un non-lieu pour l’ancien directeur général du Port autonome de Dakar.
L’ancien directeur du Port autonome de Dakar (Pad) bénéficie d’une liberté provisoire depuis mercredi. La Chambre d’accusation a en effet donné une suite favorable à la requête de mise en liberté provisoire formulée par ses avocats. Bara Sady était encore le seul à garder la prison parmi la dizaine de ses co-inculpés. «La Chambre d’accusation a appliqué le droit», s’est réjoui Me Demba Ciré Bathily, qui trouve que son client est en détention depuis près d’un an pour des accusations «assez légères et non étayées». «Quand on accuse une personne de détournement de deniers publics, on doit pouvoir établir avec certitude, les montants détournés», a-t-il ajouté, soulignant que «ce n’est pas le cas dans cette affaire où les fonds publics obéissent à une comptabilité». Mais «le plus ridicule» dans ce dossier, constate Me Bathily, «c’est quand on accuse un grand artiste comme Kalidou Kassé d’avoir fait un marché fictif, alors que tous ceux qui passent devant la nouvelle gare maritime voient la belle fresque qu’il a réalisée et signée de son nom pour un artiste de renommée mondiale». Pour l’avocat, ce n’est pas la première fois que la chambre a décidé de la mise en liberté de Bara Sady. Il espère voir l’instruction «établir la pleine innocence» de son client.
La défense vise le non-lieu
Y aura-t-il cette fois-ci encore une opposition du Parquet général ? Me Bathily déconseille au Procureur général de se pourvoir. «Le Parquet est une partie au procès. C’est son plein droit de faire un pourvoi, s’il estime devoir le faire. Mais dans ce cas précis, nous estimons qu’un pourvoi ne serait pas nécessaire», dit-il. Interrogé par Rfm, un autre avocat de la défense, Me Seydou Diagne, appelle «toutes les parties, le Parquet et les avocats, à respecter cette décision de la Chambre d’accusation qui ordonne la liberté d’un citoyen sénégalais ou de tout autre justiciable». Pour lui, «ce n’est que justice» parce que Bara Sady est poursuivi pour 48 milliards de F Cfa. Une somme qu’il trouve «extraordinaire, qui correspondait au budget du port». Après avoir décroché la liberté provisoire pour l’ancien directeur du Pad, Me Diagne pense que, pour la suite, «ce ne sera pas très difficile de lui obtenir le non-lieu».
Il faut rappeler que le juge était disposé à accorder à Bara Sady une liberté provisoire, mais le Parquet général voulait qu’il reste encore en prison en attendant que le juge d’instruction effectue un travail de vérification de l’effectivité des travaux sur le Port de Dakar. Ce que le magistrat instructeur n’aurait toujours pas fait.
Bara Sady a été épinglé par un rapport de l’Inspection général d’Etat (Ige) sur les conditions de la concession de son Terminal à conteneurs à Dubaï Port World. Les vérificateurs avaient relevé des «engagements irréalistes qui ne seront pas respectés», une procédure «non transparente». Et le rapport avait recommandé la traduction du directeur général du Pad devant la Chambre de discipline financière de la Cour des comptes, la saisine du ministre de la Justice pour l’ouverture d’une information judiciaire contre les dirigeants de Dpw, l’initiation d’un projet de décret pour dissoudre le Conseil d’administration «pour carence caractérisée». M. Sady sera inculpé et placé sous mandat de dépôt, le 28 novembre 2013, pour détournement de deniers publics portant sur la somme de 48 milliards de francs et complicité de détournement de deniers publics pour un certain nombre d’acteurs économiques qui auraient bénéficié de marchés jugés «irréguliers».