Ouarzazate, cité-emblème de l’industrie cinématographique marocaine, à la naissance des régions sud du royaume chérifien, tire profit de son paysage de montagnes enneigées, complété par vallées et oasis verdoyantes, pour maintenir toujours vif le rêve de cinéma au Maroc et entretenir sa réalité économique.
Les nombreuses casbahs (habitations traditionnelles) de cette contrée de légende, surnommée ‘’la porte du désert’’, trouvent vie douce dans les innombrables palmeraies situées en contrebas de la route, ajoutant de l’exotisme au plaisir de cette ville distante de Marrakech de quelque 200 km.
Les habitants de Ouarzazate se plaisent avec raison à parler de leur ville comme du ‘’Hollywood africain’’, en raison de ses décors extérieurs qui font le bonheur de productions étrangères. Les tournages, toujours plus nombreux, apportent une raison économique à la réputation culturelle de cette région.
A mesure que le bus se met à attaquer les kilomètres d’une route nationale serpentée et vertigineuse, au cœur de massifs majestueux, se découvre un relief fait essentiellement de montagnes et de plaines arides, à côté d’habitations traditionnelles.
Il y a aussi ces nombreux oueds, sortes de rivières reliant entre elles le paradis des oasis. Et puis le soleil n’est pas en reste, qui brille dit-on en moyenne 300 jours sur 365 dans cette région.
Un décor et des conditions faits pour cinéma, sur lesquels des réalisateurs parmi les plus grands continuent de jeter leur dévolu, depuis notamment ‘’Lawrence d'Arabie’’ en 1962, un film tourné sur le site d'Aït-Ben-Haddou, petit village proche de Ouarzazate, par la suite inscrit au patrimoine de l’humanité.
De nombreux autres films, les uns plus célèbres que les autres, tournés totalement ou en partie sur le même site, ont profité de la même dynamique et des mêmes conditions. ‘’Sodome et Gomorrhe’’ (1963), ‘’Jesus of Nazareth’’, (1977), ‘’Marco Polo’’ (1982) ‘’La Dernière Tentation du Christ’’ (1988), ‘’ La Momie’’ (1999), ‘’Gladiator’’ (2000).
Last but not least, ont également été tournés en ces lieux, ‘’Alexandre’’ (2004), ‘’Kingdom of Heaven’’ (2005),’’Prince de Perse’’ (2008) et plus récemment ‘’Exodus’’ et ‘’Loin des hommes’’, datant de 2013, des films parmi plusieurs autres qui parlent aux cinéphiles irréductibles ou nourrissent leur imaginaire cinématographique.
Un intérêt pour Ouarzazate qui va crescendo depuis 2012, après une baisse intervenue entre 2009 et 2011, la parenthèse de la crise économique oblige. Une embellie confirmée en 2013 et 2014, avec 8 productions étrangères tournées à Ouarzazate, dont certaines à grand renfort de stars comme Nicole Kidman pour le film ‘’Queen of Desert’’, Tom Hanks dans ‘’Hologram of King’’ et plusieurs productions de séries télé comme ‘’Le transporteur’’, ‘’Atlantis’’, ‘’Games of thrones’’ et ‘’La Bible’’.
Le directeur de la commission film de Ouarzazate, Abderrazzak Zitouny en convient. Ces productions étrangères contribuent à faire du Maroc une destination touristique prisée, en même temps qu’elles boostent l’économie locale.
Si tout cela ne suffisait d’ailleurs pas, Ouarzazate peut compter sur son musée du film, trésor caché de la ville avec ses deux studios, Atlas Film Studios et CLA Studios qui offrent décors romains, égyptiens, tibétains, mais aussi des répliquent plus que réalistes de Jérusalem, de la Ka’ba, entre autres.
Le premier des deux studios nommés, créé en 1984, a été rénové et amélioré en 2004 pour les besoins du tournage de ‘’Kingdom of Heaven’’ de Ridley Scott, pour 30 millions de dollars. Une manne dont a profité l’économie locale et les artisans de la région, les produits utilisés étant des matériaux domestiques. Les ouvriers, de même, sont recrutés sur place.
CLA Studios correspond tout autant aux standards internationaux. Il est configuré pour accueillir jusqu’à 5 grandes productions internationales par an. Au total, des retombées économiques vont sans dire, pour une région relativement enclavée, formant une sorte de zone tampon entre le nord et le sud du Maroc.
Un dernier effet induit concerne la formation en opérateurs de tous types, sachant que le Maroc arrive maintenant à exporter des techniciens alors que les réalisateurs se trouvaient il y a quelques années dans l’obligation d’en importer pour leurs tournages. Les économistes parleraient d’un effet d’entraînement faisant que le cinéma a trouvé à Ouarzazate son lien naturel avec l’économie réelle.