Des militants d’une association ont initié jeudi une sensibilisation en direction des autorités administratives et de la société civile sur les enjeux de la création d’un conservatoire botanique dans la région naturelle de la Casamance, a constaté l’APS.
‘’Nous ne sommes pas des protecteurs de la nature, mais notre ambition c’est de pouvoir conserver les végétaux disparus, ceux qui sont menacés et ceux qui sont en danger’’, a dit le président de l’Association du conservatoire botanique de la Casamance, Kéba Aïdara, lors d’une conférence à l’Université Assane Seck.
‘’La biodiversité en Casamance : la place et la fonction d’un conservatoire botanique dans la préservation et la gestion de la flore’’ est le thème de la conférence, qui a vu la participation de spécialistes de l’environnement, d'étudiants, d'autorités administratives et de la société civile.
Le président du conservatoire botanique de Brest (France), Franch Lehire, a pris part à la manifestation.
M. Aïdara a expliqué que les membres de l’Association veulent amener les décideurs à une prise de conscience pour que les agressions sur la biodiversité notées dans le Nord du pays ne se reproduisent pas en Casamance, l’une des rares régions où le couvert végétal reste important.
‘’Il est de notre devoir de conserver et de protéger les espèces végétales dans un endroit où les générations à venir peuvent les reconnaître et en profiter’’, a-t-il affirmé.
‘’C’est un jardin botanique qui va en même temps jouer le rôle de conservatoire. C’est un jardin qui sera agréable à visiter pour d’abord les populations de Ziguinchor. Les scientifiques peuvent y venir de même que les touristes’’, a dit Kéba Aïdara.
Il a invité les autorités municipales, à mettre à la disposition de l’association un domaine sur lequel sera érigé le conservatoire botanique qui, selon lui, pourra aussi servir de terrain d’application à l’Université Assane Seck qui a créé un département d’agroforesterie.
L’écologiste Ali El Haïdar a relevé la pertinence d’installer un conservatoire botanique en Casamance, en rappelant les rapports qui lient les populations de la région méridionale à l’arbre.
L’ancien ministre de l’Environnement et du Développement durable a rappelé que c’est d’ailleurs en Casamance que s’est produit la plus grande opération de restauration de la mangrove de la planète (15.000 hectares).
Haïdar dit avoir bon espoir que le futur jardin botanique aura un rôle éducatif pour un changement de comportement dans la préservation et la gestion de la biodiversité.
‘’Nous sommes en train de vivre une catastrophe écologique. J’espère que cette prise de conscience et les changements de comportements vont amener à inverser la tendance. En tout cas, il y a urgence’’, a-t-il dit, estimant qu’il est possible de résister à l’agression sauvage des forêts, en créant des jardins botaniques.
L’adjoint au gouverneur chargé des affaires administratives, Amadoune Diop, a fait observer que dans la région de Ziguinchor, ’’l’acidification et la salinisation des soles constituent les difficultés majeures qui ont fortement contribué à l’extension des tannes et à la disparition de certaines espèces’’.
Le premier rôle du conservatoire est de rassembler et d’exploiter les données disponibles sur les plantes rares, en particulier sur leur répartition, et de mettre à l’abri les espèces jugées prioritaires, a-t-il précisé.
Dans un second temps, il s’agit d’établir des listes d’espèces jugées protégées, de créer des réserves naturelles et de soumettre les projets d’aménagement à des études d’impact, en envisageant la sauvegarde des espèces menacées dans leur milieu de vie, a-t-il poursuivi.