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Enquête Plus N° 1043 du 6/12/2014

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Souleymane Ndiaye, criminologue, conseiller de Macky Sall: ‘’C’est possible de transférer la gendarmerie au ministère de l’Intérieur’’
Publié le lundi 8 decembre 2014   |  Enquête Plus


Macky
© aDakar.com par DF
Macky Sall a présidé la célébration du 54e anniversaire de l`indépendance du Sénégal
Le 04 avril 2014-Le Sénégal a célébré le 04 avril 2014 le 54e anniversaire de son accession à la souveraineté nationale et internationale. Le défilé civil et militaire a été présidé par le chef de l`Etat Macky Sall.


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Agité jeudi par le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, l’idée du transfert de la gendarmerie du ministère des Forces armées au ministère de l’Intérieur fait son chemin. Si on en croit le criminologue Souleymane Ndiaye, par ailleurs conseiller spécial du président de la République, Macky Sall, c’est possible. Dans cet entretien avec EnQuête, il revient sur l’urgence d’harmoniser les actions de ces deux corps.

L’Etat envisage de faire migrer la gendarmerie du ministère des Forces armées au ministère de l’Intérieur. Est-ce que cela est opportun ?

La question d’opportunité doit être posée au niveau du président de la République qui est l’autorité suprême. Or, je vous rappelle une anecdote, ce que Madame de Maintenon avait dit à Louis XIV : ‘’Vous verrez toute une file de conseillers, mais n’oubliez jamais que vous êtes au sommet de l’arbre et que ce que vous apercevez, ces gens-là qui viennent vous conseiller ne l’aperçoivent pas. Donc vous avez des éléments d’appréciation qu’ils n’ont pas’’. Cela veut dire tout simplement que pour la question d’opportunité, il n’y a que le président de la République qui pourrait y répondre. Je sais que c’est un homme très posé qui ne fait jamais quelque chose au hasard ou sur un coup de tête, contrairement à ce que pensent certains. S’il décidait de le faire, ce serait vraiment parce que c’est opportun et qu’il détient des éléments d’appréciation qui lui ont permis de manière objective et rationnelle de le faire.

Oui, mais est-ce que c’est faisable ?

C’est faisable, parce que ce ne serait pas la première fois au Sénégal. Si on se rappelle les évènements de 62, c’est Valdiodio Ndiaye qui était le ministre de l’Intérieur. Et, à cette époque, il coiffait la gendarmerie et la police. Il y avait une cohabitation parfaite entre les deux corps.

Compte-tenu des rivalités qu’il y a entre les deux corps, est-ce que cela ne risque pas de poser problème ?

Moi, je ne parlerais pas de rivalités. Je n’en ai jamais remarqué d’ailleurs. Je ne pense pas qu’il y ait une rivalité entre les deux corps. Cela n’existe pas, c’est peut-être une vue de l’esprit, mais il n’y a aucune raison pour que cela existe. Maintenant, comme par rapport aux autres corps, il y a évidemment une course vers l’excellence. Cela n’est pas une rivalité. Car, chacun essaye de faire au mieux ce qu’on lui demande de faire.

Pensez-vous que les gendarmes acceptent d’être dirigés par un civil à la tête du ministère de l’Intérieur ?

Mais le ministre des Forces armées n’est pas un militaire. Il a un pouvoir de sanction. Ceci est hérité de la France où, à l’époque, tous les ministres des Forces armées étaient des généraux qui avaient un pouvoir de sanction. Alors à un moment donné, on a attribué ce ministère à des civils et par habitude, par convenance ou par nécessité, on a laissé continuer ce pouvoir de sanction. Mais le ministre des Forces armées n’est pas un militaire. Il est exactement comme le ministre de l’Intérieur qui a également un pouvoir de sanction sur les policiers.

Mais est-ce qu’il y a des préalables à cette migration ?

Je ne poserai pas la question à ce niveau. La gendarmerie est partie intégrante des forces armées. Les gendarmes et les officiers de gendarmerie ont un statut militaire. Les officiers de gendarmerie sont régis par la loi de 1962 modifiée et l’ensemble du corps de la gendarmerie est régi par un statut spécial qui a été instauré par un décret de 1974 modifié. La gendarmerie, du point de vue salarial, obéit à la grille des forces armées, alors que la police, du point de vue salarial, obéit à cette loi de 1961 qui régie les fonctionnaires, la Fonction publique.

C’est un corps paramilitaire où un certain nombre d’infractions est sanctionné par la justice militaire. Une partie de la police est bénéficiaire d’une pension militaire. Donc, la gendarmerie et la police partagent quand même deux domaines : le domaine de la police administrative, c’est-à-dire la surveillance permanente sur l’étendue du territoire, les services d’ordre qui sont du ressort du ministère de l’Intérieur, et le domaine judiciaire qui a trait à l’arrestation, la recherche des malfaiteurs, les enquêtes. Et, tous les deux corps relèvent du procureur de la République et non de l’autorité de la gendarmerie ou de la police.

Mais que cherche l’Etat à travers cette volonté ?

L’une des priorités du président de la République est la lutte contre la recrudescence de la criminalité. C’est d’ailleurs ce qui a motivé la création de l’Agence de sécurité de proximité. Certains ne cessent de répéter qu’il fallait augmenter les moyens de la police et de la gendarmerie. C’est très bien, mais examinons cela pour voir ce qu’on pourrait entendre par augmenter les moyens de la gendarmerie et de la police. Les moyens de la gendarmerie et de la police doivent s’entendre sur deux niveaux : le niveau physiologique, c’est-à-dire du personnel, et le niveau matériel, c’est-à-dire de l’armement, des moyens de déplacement, de communication, etc.

Parce que si vous avez les moyens physiologiques sans les moyens matériels, cela devient unijambiste, et vice-versa. Prenons les moyens physiologiques, le personnel. Il y a un ratio généralement admis qui veut que pour 1000 habitants il y ait au moins 4 à 5 policiers. Ce n’est pas énorme cela. Mais, dans le monde entier, il n’y a que le Canada et les Etats Unis qui se rapprochent (mais ne satisfont pas) de ce ratio à plus forte raison le Sénégal. Si on fait la règle de trois, 12 millions sur cent multiplié par 4 ou 5, on se retrouvera avec 70 000 policiers.

Est-ce que le Sénégal est aujourd’hui en mesure de recruter 70 000 policiers. Les Etats Unis ne sont pas en mesure de satisfaire ce ratio. Nous ne pouvons pas le satisfaire. En plus, il ne faut pas se limiter seulement à la police et à la gendarmerie, il faut penser à l’équilibre des forces. La police ne doit pas être plus puissante que la gendarmerie qui ne doit pas être plus puissante que l’armée. L’armée doit être plus nombreuse que la gendarmerie.

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