L’info fait tressaillir de peur : Les Hlm hébergent le plus grand nombre de drogués dans la capitale. Les statistiques, fournies par la Coalition communautaire antidrogue des Hlm (Cocan), appuyée par les autorités sénégalaises et une Ong américaine spécialisée dans ce domaine, montrent que le mal est très profond : 83 % des jeunes âgés entre 15 et 19 ans touchent à la marijuana ou à la cocaïne. Sidérées par la situation, les populations s’engagent à inverser la tendance. Surtout que le quartier a été mis sur la liste rouge du ministère de l’Intérieur.
Cela relève presque de l’improbable : Les Hlm ont le taux le plus élevé de drogués dans la capitale. Depuis quelques temps, cette commune est mise sur la liste rouge par le ministère de l’Intérieur qui fait le classement des zones les plus exposées à la consommation des stupéfiants. Les statistiques font froid dans le dos : 83 % des jeunes de cette localité, situés dans la tranche d’âge comprise entre 15 et 19 ans, s’adonnent à la drogue. Si les 10% des jeunes fument la marijuana, les 5% se livrent à la cocaïne. Et les autres touchent à d’autres stupéfiants. Cette situation est surtout favorisée par la proximité avec les trafiquants qui ont élu domicile dans ce quartier situé dans le ventre mou de la capitale. L’information est contenue dans un rapport qui a fait l’objet d’une restitution mercredi et jeudi à l’église des Hlm, organisée par la Coalition communautaire antidrogue des Hlm (Cocan) dont le président est Abdoulaye Guèye en partenariat avec l’Ong américaine, la Communauté antidrogue des coalitions américaines (Cocad) avec à sa tête Benoît Dagadu. «Hlm est sur la liste rouge au niveau du ministère de l’Intérieur. La plaie est profonde. A chaque coin de rue, on retrouve des trafiquants», témoigne Amadou Jean Guèye, chef de quartier des Hlm 2 et 3.
Hlm sur la liste rouge du ministère de l’Intérieur
Mais, les trafiquants sont traqués de jour et de nuit : Selon la police des Hlm, citée par le rapport, «10 consommateurs de cannabis et 4 trafiquants ont été arrêtés au cours des 30 derniers jours et 30 consommateurs et 6 trafiquants dans les 12 derniers jours». Ce n’est pas seulement les garçons qui usent de la drogue. La consommation se féminise avec les filles qui s’en enivrent à cœur joie au niveau de la commune des Hlm. «Des filles fumant du chanvre indien ont été arrêtées la fois passée», raconte Abdoulaye Guèye, le président du Cocad Hlm. Elle est favorisée toujours, selon l’enquête par le chômage, la promiscuité et la mauvaise fréquentation des jeunes, si l’on s’en tient aux informations issues de l’enquête réalisée par les relais formés par le Cocan en partenariat avec l’Ong américaine.
Abdoulaye Guèye juge que l’heure est venue pour réagir face à ce fléau. «Nous ne devons pas croiser les bras, si la consommation de la drogue a pris des proportions chez les jeunes aux Hlm, c’est que les gens ont fait de la drogue un sujet tabou. Catastrophique ! Il ne faut pas se voiler la face. Si tu veux régler un problème, il faut le régler à la racine. J’ai été sidéré. J’ai eu honte. J’ai eu des frissons», constate, avec force, le président de Cocad Hlm. «Nous voulons amener les personnes responsables à parler de la drogue. Parce que si on n’en parle pas, nous n’allons pas trouver des solutions. Tous ceux qui sont dans les foyers sont confrontés à ce fléau. Nous le vivons au plus profond de nous-mêmes», ajoute Abdoulaye Guèye. «Aujourd’hui, les gens se droguent sans gêne. C’est là où ça devient dangereux. A ce moment, nous sommes plus nombreux que ceux qui fument. Mais imaginons s’ils deviennent plus nombreux que nous. Ce serait dans ce cas catastrophique. Il faut prendre le taureau par les cornes», renchérit-il.
Fatoumata Diouf Guèye, 2e adjoint au maire des Hlm, souligne que la drogue est un fléau qui est loin de se ralentir au niveau des Hlm. La mairie de la localité compte appuyer le Cocad Hlm dans la lutte contre la drogue en apportant son soutien sur tous les plans, si on se fie aux assurances de la 2e adjointe au maire. Un plan d’action sera déroulé par l’association pour réduire le taux de l’usage de la drogue chez les jeunes. C’est ce que compte faire en 2015 la Cocan Hlm. S’activant depuis 1992 dans la lutte contre la drogue, l’Ong américaine, la communauté antidrogue des coalitions américaines (Cocad) et la coalition communautaire antidrogue des Hlm (Cocan) ont du pain sur la planche.