Entre Expresso et son revendeur Saliou Mbodji, le business ne marche plus. La société de téléphonie soudanaise reproche à son partenaire qui vendait pour elle des cartes de recharge de manœuvres frauduleuses. Elle le poursuivait, hier, devant la barre du Tribunal correctionnel pour faux, usage de faux et escroquerie portant sur la somme de 482 652 000 de francs.
Des accusations rejetées en bloc par le prévenu. «Je ne reconnais pas les faits», a-t-il dit. «J’ai signé un contrat de vente avec la société téléphonique Expresso», a-t-il ajouté. Un contrat qu’il a d’ailleurs brandi à la barre et qui stipule qu’il a «une qualité d’acheteur et distributeur agréé et qu’il peut bénéficier des réductions annexes». Et c’est après réception de la marchandise qu’il remettait un chèque à la société et que c’est après la vente du produit dans un délai défini par les parties, que Expresso pouvait recouvrer ses sous après l’alimentation du compte. A l’en croire, il a eu à verser à Expresso, l’année dernière la somme de 10 milliards de francs. Il revenait maintenant à la société de téléphonie, comme prévu de lui reverser 4 % du produit de cette vente. Une somme qu’il n’a jamais reçue, dit-il nonobstant les félicitations à lui adressées par la même société qui se disait satisfaite de son travail. Mieux, le prévenu, qui a comparu libre, a rappelé qu’Expresso lui avait aussi promis un véhicule, mais depuis la cérémonie de remise, il n’est jamais entré en possession de cette voiture. En toute confiance, Saliou Mbodji déclare qu’Expresso lui doit plus qu’elle ne lui réclame. Tout le changement s’est opéré, poursuit-il, avec l’arrivée du nouveau directeur général, qui a décidé de ne plus prendre des chèques. Alors qu’il avait comme de coutume émis un chèque que la Société est allée retirer avant l’échéance en arguant que c’était un chèque sans provision. C’est dans ce sens qu’il a été aussi poursuivi pour faux et usage de faux.Selon l’avocat de la partie civile, «le pire des malfaiteurs, c’est celui qui connaît la loi et qui la contourne». Selon toujours Me Ciré Clédor Ly, le prévenu est d’une dangerosité extraordinaire quand il se fait passer pour une victime. Il en veut pour preuve, le fait qu’il ait émis un chèque tout en sachant qu’il n’y a pas de provision. Cela suffit, selon l’avocat d’asseoir, la thèse du faux intellectuel qui se caractérise par sa mauvaise foi accentuée par la somme qu’il doit à la partie civile. La robe noire pense qu’Expresso n’est pas la seule victime de celui qu’il qualifie de pilleur des biens de la Nation. En plus du montant dû (400 millions), l’avocat a réclamé 200 millions francs en guise de dommages, à défaut qu’on leur fasse bénéficier de l’article 457.Le Parquet avait classé ce dossier sans suite. Car selon le maître des poursuites, ce sont des faits qui ne peuvent pas recevoir une qualification pénale. Pour lui, le prévenu a agi en tant qu’acheteur dans ses relations avec un vendeur et ce sont des considérations qui ne sont pas très précises dans le contrat qui les lie. Le Parquet a requis l’application de la loi.La défense est aussi d’avis que c’est une affaire civile. Après avoir demandé au parquet de les envoyer la copie du classement du dossier sans suite, Me Ametti a sollicité du Tribunal que l’action publique soit déclarée irrecevable. Il a demandé d’écarter le délit d’escroquerie en ce sens que la remise de la marchandise n’a pas déterminé celle du chèque. Estimant que la relaxe s’impose, il a demandé de débouter Expresso de sa constitution parce qu’il n’y a aucune faute civile. A titre conventionnel, il a réclamé 50 millions de dommages pour citation abusive. L’affaire sera vidée le 15 janvier.