Après la session unique d’octobre 2OO8, causée par des grèves interminables, l’Ucad récidive en 2014.
Faculté des Lettres et Sciences humaines, devant le hall de l’imposant bâtiment en jaune, Malick Guèye, étudiant en Master 2 au département d’anglais, fait les cent pas, en révisant tranquillement ses notes de cours en civilisation britannique sur John Locke et Thomas Hobbes, deux philosophes classiques du 17éme siècle. En face, le libraire range minutieusement les nombreux livres exposés à l’entrée. C’est l’heure de rentrer. Visiblement, aucun étudiant pour marchander ses articles, probablement pris par le calendrier des examens trop chargés. ‘’C’est dans des conditions difficiles qu’on va nous évaluer. Le prolongement de l’année est préjudiciable. Trois sujets, de 8 heures à 18 heures’’, fulmine-t-il.
Il est 15 h passées de 35 minutes, à l’intérieur de l’amphithéâtre B, la mine concentrée, les étudiants passent l’épreuve de Linguistique. A l’entrée, le professeur M. Dione, visage assombri mais énergique, tire sur sa cigarette. ‘’Je surveille l’examen. Tout se passe bien, comme à l’accoutumée’’, répond le jeune universitaire.
Même remarque pour ce trio de jeunes filles revenant du département de Langues romanes. Etudiante en 1ère année en Espagnole, Dieynaba Sarr, en foulard, se dit satisfaite du déroulement des examens. Toutefois, elle relève un hic : l’examen se déroule dans un laps de temps très court, pour une dizaine de matières. Adossée à une voiture Peugeot, écoutant langoureusement Alpha Blondy sur son téléphone Alcatel, Madina Segnane abonde dans le même sens que sa camarade de classe. Elle souligne qu’il leur reste encore deux matières pour le 2ème semestre. ‘’Nous espérons finir bientôt’’, ajoute-t-elle.
Epreuves orales
Lectures à voix basses et jacasseries. C’est l’ambiance dans le couloir qui longe le département d’Anglais. Devant la salle 8 du rez-de-chaussée, nombreux sont assis en haut de la murette. Les visages crispés, une cinquantaine d’étudiants patientent devant la salle, pour passer l’examen oral en Littérature africaine. ‘’Les sujets sont abordables. Mais, il y a une forte pression’’, assure Idrissa Diop en Licence 2. La tension est palpable. Cet étudiant s’empresse vers ses camarades pour demander les différents sujets à traiter. ‘’La session unique est un calvaire, l’année dernière, on a eu plus de temps pour préparer les examens et il y a eu deux sessions’’, explique-t-il.
A la faculté des Sciences et Techniques, la couleur jaune de l’immense édifice est devenue presque blanche, sous l’assaut du temps, des intempéries et du soleil. Les longs cheveux noirs ramassés en chignon, la parole saccadée, cette jeune étudiante renseigne que les étudiants de la faculté ont une semaine pour passer une quinzaine d’épreuves.
‘’Mais, on a terminé tout le programme sans aucun problème’’. Yaya Sané, en chemise sans manche, sort d’un pas pressé d’une salle. ‘’C’est abordable, il y a deux à trois sujets au choix. On ne s’y attendait pas’’, révèle-t-il. Dans sa veste noire qui n’est pas sans rappeler la fraîcheur du crépuscule, une jeune fille fustige la durée de ce deuxième semestre. ‘’Il a commencé au mois de février pour se terminer en novembre. C’est trop long’’, se plaint-elle.
Etudiant en Licence en Droit des affaires, Ibra Ndao, à la prestance moyenne, dénonce avec des gestes assurés le nombre pléthorique des épreuves. ‘’Les séances de travaux dirigés ne sont pas terminées et les examens ont débuté depuis trois semaines. C’est horrible’’. ‘’Mon souci principal reste le Droit commercial’’, confie son camarade d’amphi Cheikh Ndiaye, tenant en main un grand fascicule. ‘’Beaucoup de gens risquent de redoubler ou d’être exclus à cause d’une seule matière’’, prévient-il.
Serment Hippocrate
Ailleurs, en face de l’office du bac, règne une autre atmosphère. Adossée à un arbre, son cahier de Finance publique en main, Ami Thérèse Diouf se dit un peu confiante. ‘’Je viens tous les jours ici, à 8 heures pour réviser et je repars à 19 heures à Fann Hock’’, révèle la jeune Sérère. ‘’Je suis confiante, malgré le nombre pléthorique d’épreuves’’. De l’autre côté, il y a la faculté de Médecine. Ici, pas de temps à perdre, le serment d’Hippocrate est sacré.
Donc, rigueur et constance. ‘’C’est la seule faculté qui respecte le calendrier universitaire’’, révèle cette étudiante en 5e année. Il est presque 17 h. Dans le hall, les futurs toubibs slaloment entre les couloirs rectilignes du bâtiment jaune. ‘’Nous avons débuté les cours, il y a un mois. On a eu un peu de temps de répit, mais tout va bien’’, précise l’étudiante. Le visage acnéique, elle poursuit que l’Etat doit veiller au respect des programmes universitaires et prendre cette faculté comme référence.