Donnant son point de vue sur les dysfonctionnements notés dans l’audit de la fonction publique, Me Elhadj Diouf n’y va pas par quatre chemins pour dénoncer l’amateurisme qui s’est révélé au cours de ce processus. Pour lui, « la montagne a accouché d’une souris ». Avant d’ajouter : « Cela m’inspire un travail mal fait, de la précipitation, du manque de professionnalisme, de la légèreté ». A l’en croire, « quand on va jusqu’à parler de l’utilisation de la biométrie, l’utilisation de la technologie la plus sophistiquée, on ne doit pas avoir quand même des milliers d’oubliés ou d’erreurs ». Il poursuit : « cela prouve que, quelque part, on a très mal utilisé la technologie et, même, le bon sens (…) je ne comprends pas qu’on puisse faire des erreurs pareilles en mettant sur la touche des enseignants, des personnels de la santé qui viennent travailler régulièrement, qui ont été recrutés normalement, en disant qu’il y a des milliers de sénégalais qui percevaient leurs salaires et qui étaient des salariés fictifs ». Celui qui s’est auto-proclamé « député du peuple » estime « qu’on est allé très vite en besogne en voulant montrer aux sénégalais qu’on a bien fait de débusquer des gens malhonnêtes ». Selon lui, « Macky Sall doit faire attention » car « il est entouré de beaucoup de gens qui veulent lui prouver beaucoup de choses sans rien prouver (…) chaque ministre provenant d’une autre coalition est obligé de faire des preuves pour rester au pouvoir, finalement tout est bon pour convaincre le prince ».
Revenant sur la vie de la coalition Benno Bokk Yakaar, « l’homme du 23 juin » estime que celle-ci « n’a plus sa raison d’être », avant de poursuivre : « j’ai toujours dit qu’Idrissa Seck est le plus honnête de tous les leaders de la coalition Benno Bokk Yakaar. Lui, au moins, il a été honnête en disant que -je veux le fauteuil de Macky Sall et pour cela, je ne peux pas en rester là, dépendant de son gouvernement, alors je prends mon indépendance, je me déploie sur le terrain pour préparer la future élection présidentielle- Plusieurs, tout en préparant de façon sournoise la prochaine Présidentielle et les prochaines Locales et de façon hypocrite, se servent des moyens de l’Etat, ont beaucoup plus de revenus, de moyens et de postes pour caser leurs militants tout en faisant croire au président Macky Sall qu’ils le soutiennent, qu’ils sont avec lui (…) ils veulent l’endormir pour mieux l’abattre demain ». Devant cette situation, dit-il, « je pense qu’Idrissa Seck est le plus honnête mais, avant lui, il y avait un certain Elhadj Diouf, député du peule, qui est e plus honnête parmi tous, qui après avoir fait gagner Macky Sall au 2ème tour dans le cadre de la coalition Benno Bokk Yakaar, a été le premier à dire qu’il faut dissoudre Benno Bokk Yakaar, que chaque parti aille seul aux élections législatives pour qu’on puisse mesurer la force de chaque formation politique et, joignant l’acte à la parole, j’ai quitté immédiatement la coalition pour déposer ma liste aux législatives et je suis allé à l’Assemblée sous ma propre bannière ».
Quid du projet de fusion de son parti avec l’Alliance pour la République (Apr) ? Il reconnaît que la procédure a connu « des bocages », non sans imputer la responsabilité de ces blocages à l’entourage du chef de l’Etat. « Vous savez, la politique est un monde assez méchant pour ne pas dire hypocrite et égoïste. Les gens de l’Apr savent que le président et moi, nous nous entendons à merveille, que nous avons décidé de travailler ensemble pour le plus grand bonheur du Sénégal et comme vous l’avez dit, l’Apr n’est pas un parti définitivement installé et bien structuré, donc l’Apr a besoin d’être renforcé et de devenir un très grand parti de masse avec de fortes personnalités dans toutes les régions ; je sais que c’était ça la vision du président mais, il y a des gens qui l’entourent, qui n’ont pas le niveau intellectuel d’Elhadj Diouf, sa popularité, sa crédibilité et qui sont dérangés par sa présence », le considérant « comme un rival » parce que, d’après lui, « quand on est médiocre, on a peur des autres que l’on sait compétents ».
