Il y a deux mois, Michaëlle Jean accordait une interview à "Jeune Afrique". Celle qui est devenue le 30 novembre la troisième secrétaire générale de l'OIF racontait son admiration pour Abdou Diouf et son ambition de lui succéder. Relisez l'interview publiée dans le n°2801 de JA.
Elle cite Aimé Césaire sans notes, use volontiers des anaphores comme ce "moi, arrière-arrière-arrière-petite-fille d'esclaves" devenu célèbre au Québec, admire Toussaint Louverture et René Depestre, son oncle, poète caribéen essentiel.
Michaëlle Jean, 57 ans, a la francophonie dans le sang et elle est aussi la vraie surprise de la bataille feutrée qui se livre en coulisses pour la succession d'Abdou Diouf à la tête de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF). Seule femme parmi les cinq candidats pour l'instant déclarés, cette Canadienne d'origine haïtienne, épouse du cinéaste français Jean-Daniel Lafond et mère d'une fille née en Haïti, est riche d'un parcours unique.
Du Port-au-Prince des sinistres Tontons Macoutes aux ors de Rideau Hall à Ottawa, où elle a officié pendant cinq ans comme gouverneure générale du Canada, en passant par le militantisme féministe et les studios de télévision, cette diplômée en littérature comparée a appris cinq langues, reçu quelques coups et séduit bon nombre de chefs d'État de la planète. Excellente communicatrice avec ce qu'il faut de charme et un certain goût pour la transgression, Michaëlle Jean dégage une énergie dont auraient a priori bien besoin un concept - la francophonie - et une institution - l'OIF - encore largement abstraits aux yeux de la plupart des locuteurs de la langue de Molière, de Senghor et de Stromae.... suite de l'article sur Jeune Afrique