Ousseynou Sow, la mine triste, le pas lent dans son boubou traditionnel, a comparu devant la barre du tribunal correctionnel pour non-assistance à personne en danger. Il s’agit de son propre fils qui n’a vécu que 17 mois. Et c’est la maman Fatou Mbaye qui a saisi le tribunal dans cette affaire. Elle avait obtenu la garde de l’enfant avant de le rendre à son père, sous prétexte qu’elle ne pouvait plus s’occuper de lui.
«Quand sa mère me l'a donné, elle m'a dit carrément qu'elle ne pouvait plus s'en occuper. Je n’ai pas voulu le garder, mais ma tante me l'a déconseillé, en me disant que je suis son père», a expliqué le prévenu. Il a ensuite confié au juge qu’au moment de reprendre son fils des mains de sa mère, l’enfant était malade. Et que parfois, il était obligé de ne pas aller au travail pour être au chevet de son fils. «Il dormait avec moi, car je n'avais personne à qui le confier. C’était mon fils, mon aîné, comment aurais-je pu le tuer ?» a-t-il dit à nouveau. Il a ensuite fait savoir au juge que deux semaines avant le décès de son fils, celui-ci est tombé des escaliers et qu’il l’a amené à l’hôpital pour une consultation.
Le prévenu a ajouté que le jour des faits, c’est sa tante qui l’a informé du décès. Mame Binta Sow, en sa qualité de témoin, a révélé que ce jour-là, elle a envoyé sa fille chercher le petit pour le déjeuner. Cette dernière l’a trouvé dans un sommeil profond. Dans le même état que son neveu l’a trouvé plus tard. «Il dormait toujours et c'est quand je l'ai approché que j'ai constaté qu'il était déjà mort», a raconté la dame.
La partie civile n’a pas comparu à l’audience. Mais elle avait confié aux enquêteurs que le prévenu s'est toujours acquitté de ses devoirs de père. C’est pourquoi la défense a considéré qu’il est temps de rendre justice au prévenu qui a passé plus de deux ans en prison, à cause de cette affaire. «Un homme ne peut pas faire la différence entre les pleurs par caprices d'un enfant et quand il a mal. Un enfant, à un certain âge, a besoin de l'amour maternel», a plaidé Me Ibrahima Mbengue. L’avocat a ajouté que «les blessures de l’enfant n'étaient pas apparentes». Il a pointé « l'inexpérience masculine» et sollicité la relaxe de son client au bénéfice du doute.
Ousseynou Sow sera fixé sur son sort le 8 janvier 2015. Le procureur, pour sa part, a requis l'application de la loi.