L’affaire Habré est partie pour être le prochain feuilleton de l’hiver…sénégalais. Il nous revient de sources dignes de foi que l’autorité administrative, le ministère de la Justice en l’occurrence, se prépare à servir des demandes d’explication aux magistrats qui ont engagé une procédure jugée ‘’cavalière’’ contre le Président Idriss Déby. Des demandes d’explication non pas sur le fond de l’instruction, mais sur la partie administrative ; l’autorité estimant qu’on aurait pu utiliser les canaux classiques de saisine du chef d’Etat.
C’est par des courriers, n’ayant pas emprunté la voie diplomatique, que le président tchadien a en effet pu prendre connaissance des questions que les juges de la commission d’instruction des Hautes chambres africaines voudraient lui poser. Sur deux jets, précise-t-on de sources proches de la Chancellerie. Conséquence : le Président tchadien s’est fâché et du coup, un vrai blocage s’en est suivi. Or, il aurait suffi de faire fonctionner les procédures diplomatiques classiques comme la fameuse ‘’valise diplomatique’’ avec questions-réponses, sécurisées en aller et retour pour que les susceptibilités soient préservées. `
Qui pour présider le procès ?
Cette tournure des choses tombe à un mois de la fin de la procédure qui doit inéluctablement aboutir à une ordonnance de renvoi ou de non-lieu. En clair, on arrête ou on continue. C’est donc au mois de janvier que le juge d’instruction de cette juridiction spéciale doit se prononcer sur la suite à donner à l’affaire Habré. La machine semble bien s’emballer car c’est hier que la procédure de dépôt pour le choix du Président de la chambre africaine extraordinaire devant présider le procès a été bouclée.
L’appel à candidatures a été élaboré par l’Union Africaine en collaboration avec le ministère de la Justice du Sénégal. Il reste ‘’ouvert pour les juges ressortissants d’un Etat membre de l’Union africaine autre que le Sénégal, totalisant au minimum dix (10) ans de présence effective, d’expérience dans l’exercice de hautes fonctions judiciaires’’, lit-on dans le document rendu public à cet effet.
Le Président de la Chambre africaine extraordinaire d’Assises a dix mois pour expédier son affaire, pour un salaire de 4 millions de francs Cfa mensuel. Il bénéficie d’un logement meublé et d’un véhicule de service. D’autres critères sont pris en compte comme le fait que ‘’les postulants doivent savoir parler, lire et rédiger en français’’. Ils doivent également ‘’jouir d’une haute considération morale, être connus pour leur impartialité et leur intégrité, avoir une expérience professionnelle en droit pénal et procédure pénale et enfin avoir de solides connaissances en matière de droit international pénal et droit international humanitaire’’, selon le texte de l’appel à candidature.
Insaisissable…Habré
En attendant donc qu’il se tienne, le procès annoncé de l’ancien Président tchadien, Hissein Habré, est parti pour battre tous les records de rebondissements. Comme nous l’annoncions déjà, le Parquet s’est opposé à une décision du juge des chambres de restituer deux armes à feu (des kalachnikov) mis sous scellé au moment où Habré se faisait arrêter à son domicile, le 30 juin 2013. Et donc, comme le prévoit la loi, c’est la chambre d’accusation de cette juridiction bien spéciale qui prend en charge le dossier en tranchant pour qui de droit.
Cette chambre constituée de trois magistrats titulaires et d’un suppléant se trouve par la force des choses au centre de tout. A noter aussi qu’Hissein Habré, sans doute plus fort que Karim Wade, aurait planqué des sous dans des paradis fiscaux, ne plaçant au Sénégal que de bien maigres sous dans deux banques de la place. Ses biens, officiellement identifiés, sont bien maigres ; ce qui fait sans doute remonter la moutarde aux narines de ceux qui veulent lui faire…sa peau.