Les cours en ligne ouverts et massifs (Cloms) doivent être développés en Afrique afin de favoriser le désengorgement des universités africaines en permettant de gérer la massification des effectifs, ont préconisé jeudi à Dakar des universitaires de divers horizons.
"Aujourd'hui, il y a une arrivée massive d'étudiants dans les universités africaines, avec un taux tournant entre 8 et 9% par an depuis 1970, contre 4% au niveau mondial. En 2011, l'Afrique comptait 5 millions d'étudiants. Ce qui est peu par rapport aux normes internationales.
Mais déjà, les universités du continent étouffent. Pour les désengorger, il faut développer les Clom qui peuvent permettre de gérer cette massification des étudiants grâce à l'enseignement à distance", a expliqué Jamaiel Ben Brahim, directeur du bureau Afrique de l'ouest de l'agence universitaire de la francophonie (Auf).
Il présentait le thème "le numérique éducatif en Afrique occidentale" au cours d'un panel sur "l'avènement des Clom dans le numérique éducatif: défis et opportunités", organisé par l'Auf et ses partenaires dont la Confédération hélvétique dans le cadre du 15e sommet de la francophonie qui se tient du 29 au 30 novembre à Dakar.
Selon M. Ben Brahim, aux défis pour l'Afrique de bien former ses cadres en tous domaines il y a ceux relatifs au rayonnement de ses établissements d'enseignement qui restent à construire.
"C'est dans ce sens qu'il faille développer les Clom en Afrique. Ces derniers peuvent lutter contre la fuite des cerveaux en ce sens qu'ils permettent de former des cadres tout en les maintenant dans leur tissu socio-économique.
Pour ce faire, il faut investir dans la formation des enseignants, développer les technologies éducatives et soutenir les apprenants isolés", a poursuivi Jamaiel Ben Brahim, directeur du bureau Afrique de l'ouest de l'agence universitaire de la francophonie (Auf).
Pour Oumar Mbodji, enseignant-chercheur à l'université Gaston Berger de Saint-Louis du Sénégal (Nord), les Cloms peuvent effectivement aider les universités africaines à se désengorger et aujourd'hui l'Afrique ne peut pas dire qu'elle n'a pas les moyens de les développer car, l'accès est le même. "Maintenant, il faut que l'Afrique développe les outils nécessaires aux Clom.
Après, il faut l'intégration et la reconnaissance des cours en ligne, la constitution des universités en consortium pour avoir beaucoup de cours en ligne, et l'appui institutionnel", a dit le professeur Mbodji, par ailleurs membre de l'équipe chargée de la mise de l'université virtuelle du Sénégal qui accueillera en 2015 plus de 5000 étudiants.
Toutes choses qui font dire à Annick Suzor-Weiner, conseillère du recteur de l'Auf, qu'on sent que les pays africains ont décidé d'aller de l'avant en ce qui concerne les Cloms. "Il faut de l'audace", a-t-elle déclaré.
"Les étudiants sont nombreux. Il nous faut aller vite. Tout nous presse pour développer les Clom en Afrique. Il faut y aller tous en ensemble, se mettre en réseau pour le numérique. Il faut du réalisme également. Il faut y aller également par pédagogie car tout bouge, mais de façon raisonnable", a conclu Bernard Cerquiglini, recteur de l'Auf.