Le responsable des programmes médias de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), Tidiane Dioh, a indiqué, mercredi à Saly (Mbour) que l’évolution des médias dans l’espace arabe est ‘’extrêmement liée’’ à l’évolution des sociétés politiques.
‘’La première expérience de médias arabes à l’étranger, c’est le magazine Jeune Afrique qui est né en Tunisie. Deux ans après, le président Bourguiba (Habib) et le fondateur ont eu des problèmes'', a dit M. Dioh qui a travaillé, pendant plusieurs années, dans ce magazine panafricain.
''Et pour rester dans cette liberté relative, M. Ben Ahmed a été obligé de déplacer le journal en Italie puis en France’’, a rappelé, au deuxième jour du colloque international sur ‘’Genre et diversité : les enjeux de la représentativité dans les médias’’ et ‘’Pratique innovantes dans la formation au journaliste’’.
Cette rencontre de trois jours ouverte mardi est à l’initiative du Centre d’études des sciences et techniques de l’information (CESTI) et du Réseau mondial francophone des écoles de journalisme (Théophraste).
La réalité, selon le journaliste, ''toute l’histoire des médias dans les pays arabes prend cette trajectoire''.
‘’Je ne dis pas qu’il n’y a pas de médias dans les pays arabes, mais les médias internationaux sont obligés de diffuser du dehors pour avoir une influence. Et cette influence-là a été, au début, limitée pour devenir très importante et produire les bouleversements d’aujourd’hui’’, a souligné Tidiane Dioh.
‘’Quand on remarque le personnel politique dans la plupart des pays arabes aujourd’hui, notamment en Egypte et en Tunisie, ce sont des gens qui étaient à Londres ou dans d’autres pays étrangers. Et ce sont eux qui sont venus au pouvoir aujourd’hui, y compris les islamistes’’, a-t-il fait remarquer.
''Les médias arabes ont eu la même trajectoire. On m’a expliqué que c’est durant la première guerre du Liban que la plupart des journalistes ont du quitter pour aller créer MBC’’, a dit M. Dioh.
Selon lui, ''la plupart des médias qui restent dans leurs pays et qui ont acquis une certaine liberté sont des médias francophones''.
‘’C’est-à-dire lorsqu’on émet aujourd’hui en français, on a une certaine liberté, parce que la population ne suit pas régulièrement. Mais, en revanche, si vous transgressez les lois médiatiques dans la langue arabe, là, les pouvoirs politiques commencent à vous surveiller’’, a noté le responsable médias de l’OIF.
‘’Dans le cas de l’Egypte, par exemple, il faut savoir que ce pays a une presse francophone depuis 1798 avec l’arrivée de Bonaparte. Il en reste deux ou trois, alors qu’à un moment, on avait 60 titres de presse’’, a regretté Tidiane Dioh.
‘’Et un confrère égyptien d'Al Akhram me disait: +Moi, je peux tout écrire, alors même que dans le même groupe, si on écrit les mêmes choses sur le titre arabe, on est censuré'', a rapporté le journaliste.
Il a rappelé qu"il y a ''à peu près 880 titres de presse dans le monde arabe, de la Tunisie jusqu’à la péninsule arabique.''.
''Il n’y a que 150 titres en français qui en restent sur ces 880 et qui jouissent d’une relative liberté, y compris à l’intérieur et dans les pays où les islamistes sont au pouvoir’’, a-t-il relevé.
Seulement, selon Dioh ‘’il n’est pas possible d’avoir la même liberté de ton que dans la presse arabe, y compris dans le même groupe’’.