Si l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) jouit d’un grand prestige dans l’enseignement supérieur en Afrique, il n’en demeure pas moins qu’elle est en passe de perdre sa notoriété avec des difficultés énormes (perturbations) qui impactent la qualité des résultats. Pourtant, il existe des poches qui restent dans l’excellence. La faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie-stomatologie (Fmpos) en est une parfaite illustration. Pour preuve, elle vient obtenir de bons résultats au 17ème concours d’agrégation de médecine, qui se tenait à Yaoundé (Cameroun) et organisé (du 3 au 11 novembre) par le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (Cames). Trente-quatre enseignants-chercheurs sénégalais dont 17 majors ont été reçus dans des spécialités comme : médecine humaine, pharmacie, odontostomatologie, médecine vétérinaire et productions animales.
A cette heure de l’après-midi du mois de novembre, l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad) grouille de monde. Elle reprend son ambiance des grands jours après quelques semaines d’accalmie, suite à la mort de l’étudiant Bassirou Faye lors des affrontements entre étudiants qui réclamaient le paiement de leurs bourses et forces de l’ordre. Le campus social décolère après une trêve hivernale. Les étudiants qui squattent les bâtiments et autres espaces n’ont que les yeux rivés sur les examens. A la Faculté de Médecine, ils ont qu’une seule et unique session d‘examen pour espérer passer en classe supérieure. L’ambiance d’une année académique 2013-2014 agitée n’a pas fini de dissiper les nuages de colère. Si un calme semblait être revenu dans ce temple du savoir, il n’en demeure pas moins que l’Ucad est partagée entre le marteau d’un creuset d’excellence et l’enclume d’une institution en perturbations permanentes, en déperdition. La première université du Sénégal marquée par des grèves, des perturbations chamboulant le calendrier universitaire, a perdu de son lustre d’antan, au vu des résultats académiques qui sont peu enviables. Avec l’introduction du système LMD (Licence, Master et Doctorant), l’année académique s’étale sur les 12 mois, en lieu et place des 9 mois. Pourtant, les résultants empruntent la courbe descendante. En plus du nombre pléthore d’étudiants, les Facultés de sciences Juridiques, Techniques et autres rivalisent entre mauvais résultats et grèves, enlevant de l’UCAD, l’image d’une université d’excellence.
Toutefois, il existe toujours des poches d’excellence dans le temple du savoir. La faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie-stomatologie est une parfaite illustration. En atteste son rang au niveau de l’Afrique. Récemment, trente-quatre (34) enseignants-chercheurs sénégalais ont été reçus au 17ème concours d’agrégation de médecine, qui s’est tenu à Yaoundé (Cameroun) et organisé (du 3 au 11 novembre) par le Conseil africain et malgache pour l’enseignement supérieur (CAMES). Les candidats venus des pays africains membres du CAMES sont des spécialistes des disciplines suivantes : médecine humaine, pharmacie, odontostomatologie, médecine vétérinaire et productions animales.
Ces meilleurs résultats de l’Ucad dont certains enseignants sont arrivés premier en Afrique dans certains domaines, notamment en Gériatrie et Radiothérapie. Selon le doyen de la Faculté de Médecine, Abdourahmane Bâ qui indique sur les 34 maîtres de conférences agrégés, 17 sont majors dans leurs domaines. Cette consécration est loin d’être connue par les étudiants de cette même faculté. Et pourtant des réactions n’en manquent. «Nous avons la meilleure faculté avec les meilleurs professeurs. Ce qui nous différencie des autres facultés est la capacité limitée d’étudiants que la faculté accueille. Fort heureusement, nous ne connaissons pas beaucoup de grèves et l’année académique se déroule comme fixée dans le calendrier scolaire. Nous avons une année normale avec deux sessions d’évaluation », explique Sokhna Fall, étudiante en deuxième année.
Amadou Lamine Daffe va dans le même sens en soulignant : «On a un grand privilège, comparé aux autres facultés. Nous avons fait la seconde session alors que les autres facultés entendent en faire une seule qui n’est pas encore terminée». Et de poursuivre : «Certaines facultés n’ont pas encore bouclé l’année 2013-2014 alors que les examens devaient se ternir au mois de février et d’août. Je n’encourage pas mes frères à venir ici puisque le rythme d’études est trop lent. A part la faculté de Médecine, toutes les autres facultés ont des problèmes. Les conditions d’études sont tellement difficiles que les étudiants s’adonnent à des actes déplorables ».
ABDOURAHMANE BA, DOYEN DE LA FACULTE DE MEDECINE, DE PHARMACIE ET D’ODONTOLOGIE
Le Doyen de la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’odontologie estime que les résultats ne sont pas le fruit du hasard. Pour Adourahmane Bâ, le succès résulte d’une formation de qualité et de compagnonnage qui font que la faculté garde quelques succès grâce à la cellule de pédagogique médicale agréée par la Conférence internationale des doyens et des facultés de Médecine, d’expression française et par le Cames pour l’encadrement de nos étudiants.
«Quand on parle de l’Ucad, on met surtout en exergue les côtés néfastes, c’est-à-dire le mouvement des étudiants, la casse, les grèves intempestives, la violence, la promiscuité. Il y a heureusement quelques poches où on peut encore se réjouir d’efforts importants qui ont abouti à des succès. C’est le cas de la faculté de Médecine. Il n’y a pas de secrets. C’est simplement le travail et aussi les traditions de formations et d’excellence de la faculté transmises qu’on essaie d’entretenir». Ce sont les propos du doyen de la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie, Abdourahmane Bâ après les résultats du concours du Cames au 17ème concours d’agrégation de Médecine. Ils sont 34 sénégalais à être reçus comme maîtres de conférences agrégés. «C’est aussi l’esprit des étudiants consciencieux de leurs responsabilités futures en tant que professionnels de santé. Ce qui fait qu’on observe très peu de perturbations. Nous sommes en contact direct avec nos étudiants pendant leurs huit années d’études. Mieux, le nombre d’étudiants est limité. Il y’a moins de pléthore et d’anonymat», a souligné Professeur Bâ, pour qui, «ce sont les traditions de formation de qualité et de compagnonnage qui font qu’on garde alors quelques succès au niveau de la faculté».
«Nous avons une cellule pédagogique médicale agréée par la Conférence internationale des doyens et des facultés de Médecine, d’expression française et par le Cames pour un encadrement de nos étudiants », a t-il ajouté.
DEFICIT DE PROFESSEURS, PLETHORE D’ETUDIANTS, MANQUE D’EQUIPEMENTS…Ces virus qui guettent la Fmpo
Malgré son statut d’institution d’excellence, la faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie-stomatologie (Fmpo) rencontre des obstacles dans son fonctionnement, notamment un déficit de professeurs, le pléthore d’étudiants et le manque d’équipements, entre autres maux.
La faculté de Médecine, de Pharmacie et d’Odontologie-stomatologie (Fmpo) connait des difficultés réelles qui risquent de réduire à néant son lustre d’antan. Le déficit de professeurs de rang A, le nombre pléthorique d’étudiants pour cette présente année 2014-2015 et le manque d’équipements dans les laboratoires sont, entre autres, les maux de la Fmpo.
«C’est beaucoup moins sensible le déficit de professeurs à la faculté. Mais, il y a des problèmes liés à la massification des effectifs d’étudiants, mais aussi d’un manque d’infrastructures et d’équipements au niveau des laboratoires», a estimé Abdourahmane Bâ.
Le Doyen de la Fmpo a relevé que des efforts restent à faire, notamment la maitrise des flux d’étudiants entrants. «Compte tenu de la forte demande des sénégalais et de l’extérieur, nous sommes débordés. Nous avons un nombre d’étudiants anormalement élevé».
«Nous avons plus de 1000 nouveaux bacheliers sénégalais. Ce qui est intenable. Nous accueillons habituellement la moitié de cet effectif chaque année. Nous ne pouvons pas prendre 1000 bacheliers parce que la Médecine n’est pas comme les autres disciplines puisque c’est un travail sur l’être humain. Il n’est pas question de s’amuser avec la santé de nos patients», a-t-il précisé. Et d’ajouter : «il faut tenir compte de l’encadrement de qualité au niveau des hôpitaux. L’encadrement clinique va en ressentir si on a beaucoup d’étudiants. Il n’est pas question d’envahir les salles d’hospitalisation. Ce qui risque d’affoler les malades et entacher la qualité de l’enseignement clinique».