Ils n’apportent qu’un peu moins de 25 milliards, mais placent leur entreprise, qui construira avec leur matériel, et se feront rembourser la totalité de leur mise, avec des intérêts. Qui parle de partenariat gagnant-gagnant ?
Dans quelles conditions le marché de construction du futur Centre international des conférences a-t-il été attribué à l’entreprise turque Summa Turizm Yatirimciligi A.S. ? Pourquoi, alors que les Turcs n’injectent que 25 milliards de francs Cfa sous forme de prêt, sur les 40 milliards prévus pour cette construction, doivent-ils imposer que tout le matériel de construction de l’ouvrage provienne de leur pays, sans que le Sénégal n’ait, pour toute valeur ajoutée qu’une construction dont on ne peut même pas, à ce stade, assurer qu’elle sera réceptionnée à date due ?
Ce qui est connu de manière nette, c’est que ce sont ces termes qui ont été acceptés en juin et juillet derniers par le ministre de l’Economie et des Finances Amadou Kane. Les autorités sénégalaises ont excipé de l’argument de l’urgence pour accepter de leurs partenaires turcs des conditions draconiennes.
Car en fait, les 24 milliards d’euros accordés par Eximbank Turquie, même s’ils constituent 60% du montant total de l’œuvre, ne sont pas donnés. Au taux de 3,75% sur dix ans, avec un délai de grâce de 18 mois, donc ce prêt, à la limite d’un crédit à taux concessionnel, va finir par peser lourd sur le budget national. D’autant plus que, sous le prétexte d’aller vite dans la construction de ce centre de Diamniadio, les Turcs de Summa ont demandé et obtenu une totale exonération des douanes et d’impôts pour tous les produits qui sont censés être utilisés dans cette œuvre.
Il semble que dans cette affaire, ce qui a poussé les autorités sénégalaises à signer cet accord, c’était, en plus du souhait d’aller vite pour achever le Centre des conférences des Diamniadio dans les délais, pour l’Organisation du sommet de la Francophonie l’année prochaine, aussi la «carotte» brandie par les Turcs d’Eximbank, qui consiste au montant de 300 millions de dollars américains, soit environ 150 milliards de francs Cfa, destinés à diverses infrastructures dans le pays. Macky Sall, qui ambitionne d’égaler, sinon de surpasser son prédécesseur Abdoulaye Wade en termes d’infrastructures à construire, dans un contexte d’aridité financière, n’a sans doute pas voulu faire la difficile en ma matière.
Pour en revenir à la question de départ, qui a choisi le consortium Summa pour la réalisation de ce marché ? Quand Amadou Kane allait négocier avec les Turcs, les deux parties savaient déjà que le financement recherché allait rentrer pour une bonne part dans les caisses du constructeur turc. Or, ce dernier n’a pas été imposé aux Sénégalais par les Turcs. Il serait donc intéressant de savoir quelle autorité avait partie liée avec les Turcs pour sortir ce nom de son chapeau. Malheureusement, Amadou Kane, qui a signé avec les banquiers d’Eximbank Turquie et dont ont retrouve également la signature dans les accords avec Summa, semble avoir changé de téléphone, car il n’était pas joignable sur son ancien numéro.