La tension a été vive ce week-end, entre transporteurs et chauffeurs de « bus horaires » à Touba. De vives altercations, ponctuées par des échanges de coups de feu, ont conduit à l’arrestation de l’un des fils de l’ex-khalife général des mourides, Serigne Bara Fallilou, et du président du groupement des transporteurs et chauffeurs de Touba. Les deux responsables ont dégainé et tiré des coups de feu dans l’enceinte de la gendarmerie. Ils feront face au juge ce matin.
Après la délocalisation de la gare routière, du centre-ville à l’entrée de la ville sainte sur la corniche, sur injonction du khalife général des mourides, les autorités municipales ont donné l’ordre à tous les véhicules de transport en commun, sans exception, de regagner la nouvelle gare. Ce que les propriétaires des « bus horaires » refusent de faire. Ces derniers ont en effet décidé d’outrepasser cette nouvelle réglementation en vigueur et se disent prêts à en découdre avec les chauffeurs affiliés au groupement des transporteurs et chauffeurs de Touba qui n’entendent pas, non plus, lâcher du lest.
Dans ce contexte explosif, le chauffeur d’un bus appartenant à un marabout Mbacké-Mbacké a voulu prendre des passagers en dehors de la gare routière, ce samedi matin. Il n’en fallait pas plus pour que ça dégénère. En effet, il s’en est suivi une vive altercation entre les deux camps. Au cours des échauffourées, le bus du marabout a été saccagé, puis immobilisé à la gendarmerie. Ainsi, tout ce beau monde s’est retrouvé à la brigade spéciale de gendarmerie de Touba.
Ensuite, Serigne Saliou Mbacké Bara Fallilou, foncièrement opposé à la nouvelle gare routière et à la nouvelle réglementation, est venu aux nouvelles. Il s’est présenté aux gendarmes en tant que transporteur Mbacké-Mbacké et représentant des chauffeurs des « bus horaires, avec le dessein de faire libérer le bus immobilisé. Ayant trouvé sur les lieux Idy Ka, président du groupement des transporteurs et chauffeurs de Touba, les deux hommes se sont copieusement insultés, avant que Serigne Saliou Bara, communément appelé Zale Bara, ne dégaine son pistolet et tire en l’air, selon le commandant en charge de l’enquête. Ne voulant pas se laisser intimider, Idy Kâ a aussitôt riposté, en tirant lui aussi un coup de feu. Devant ces actes d’une gravité inouïe, le commandant Thioune a aussitôt interpellé les deux « Cow boy » et saisi leurs armes, avant de les placer en garde-à-vue.
Syndrome Moustapha Cissé Lô
«Toutefois, sous la menace d’une foule de plus en plus nombreuse et totalement acquise à la cause d’Idy Ka, le commandant, craignant d’éventuelles représailles contre la brigade de gendarmerie, les a transférés à Diourbel, dans la nuit, sur décision du procureur de la république du tribunal régional de Diourbel », explique une source proche de l’enquête. Les deux responsables, auteurs des coups de feu, ont passé la nuit sous les verrous à Diourbel.
Ils ont été libérés, hier matin, vers 11 h, suite à un intense lobbying. D’ailleurs, si l’on en croit une source proche de l’enquête, on les a libérés pour éviter le syndrome Moustapha Cissé Lô.
Car selon toujours la même source, les gendarmes ont reçu des informations selon lesquelles des individus, proches de Serigne Saliou Bara, s’apprêtaient à aller incendier le domicile d’Idy Ka. Devant ces ‘’menaces avérées et réelles’’, dit-on, le procureur de la république a décidé de les libérer, tout en confisquant leurs armes. A noter cependant que la procédure d’enquête se poursuit. D’ailleurs, selon le commandant Thioune, les deux délinquants seront présentés aujourd’hui au procureur de la république.