A 8 km de la ville de Nioro se trouve Porokhane. Une ville rendue célèbre par Mame Diarra Bousso, la mère du fondateur du Mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké. Un des sites historiques du département de Nioro, Porokhane fait partie de ces lieux qu’il faut absolument visiter dans le cadre des activités de la troisième édition du festival Ciné Rip. Reportage.
Vendredi 21 novembre, il est presque 11. Sous un temps ensoleillé, la voiture avale rapidement la distance qui sépare Nioro du Rip, terre de Mbaba Diakhou Ba à Porokhane, berceau du mouridisme. Ce jour coïncidant avec la célébration du marché hebdomadaire de la localité, des femmes assises tranquillement sur des charrettes tirées par des ânes, rallient péniblement la ville sainte. A ce décor vient s’ajouter le pas pressé des élèves qui sac au dos ou cahiers à la main, font une course contre la montre pour arriver à temps à l’école.
Le fief de Mame Diarra Bousso se dévoile. Les minarets des mosquées et les cimes des arbres donnent les premières images des lieux. A cause du marché, l’accès à la ville devient difficile parce que des charretiers, en toute méconnaissance des règles du code de la route, barrent la voie à leur guise. Les marchands ambulants eux aussi jouent leur partition dans ce désordre, éparpillant leurs produits un peu partout.
A la découverte du mausolée
Le mausolée de la mère du fondateur du mouridisme, que l’on visite à chaque célébration du magal de la ville accueille en ce vendredi, ses fidèles. Une mosquée majestueuse malgré ses travaux inachevés. Le lieu de repos de la sainte est bien décoré. Les chaussures enlevées juste à l’entrée, les disciples accèdent à l’édifice. Des nattes étalées à l’intérieur de la mosquée servent de refuge aux fidèles. La plupart d’entre eux sont des femmes. Plongées dans leurs prières, elles font fi du temps qui s’écoule lentement sous le regard vigilent du gardien des lieux, le vieux Bathie Diop. Il explique qu’on s’y recueille tous les jours. « Même si l’affluence est beaucoup plus grande pendant le magal, des fidèles viennent tout le temps se recueillir ici», laisse entendre Bathie Diop.
Une affluence qui profite à quelques gamins souvent vêtus de loques, en quête de pièces de monnaie, qui guettent les moindres déplacements des visiteurs. Les mendiants eux aussi profitent des largesses des pèlerins.
A la recherche de l’eau bénie du puits de Mame Diarra
L’autre lieu que les pèlerins visitent aussi à Porokhane, c’est le puits de Mame Diarra Bousso. Situé non loin du mausolée, il est un passage obligé pour les fidèles mourides. Des bouteilles attachées par des cordes servent à puiser l’eau qui est ensuite versée dans des bassines puis transportée dans des récipients vers les grands centres urbains. Le conservateur, Touba Khouma, indique qu’en période de magal de Porokhane, les fidèles ne parviennent qu’à avoir une petite quantité contrairement aux jours ordinaires.
Le business des bouteilles
Conscientes de l’intérêt accordé à l’eau du puits, des femmes de la localité ont su créer un commerce sur les bouteilles vides. Les récipients de 20 litres sont échangés moyennant 500 F Cfa et les 10 litres coûtent 250 F Cfa. Un commerce lucratif selon l’une des vendeuses, Anta qui plafonne son chiffre d’affaire à 2500 F Cfa la journée.
Sokhna Diarra, la référence
Malgré sa courte vie, Mame Mariama Bousso plus connue sous le nom de Sokhna Diarra, a laissé un legs important à la communauté musulmane, en particulier à la communauté mouride. Elle était dévouée à ses proches, avec le sens du partage et de la tolérance, explique le gardien du mausolée de Mame Diarra. Un modèle, un exemple que toutes les femmes sénégalaises devraient suivre, selon lui.
L’enseignement du coran, une réalité
Porokhane c’est aussi toute l’importance accordée à l’enseignement du coran. A l’entrée de la ville on aperçoit le daara de Mame Diarra, un temple du savoir qui accueille de nombreuses disciplines. Le conservateur du mausolée, Bathie Diop, révèle qu’il existe d’autres lieux d’apprentissage du coran dans la ville sainte.
Porokhane, une ville paisible
A l’image des autres villes du pays, la vie à Porokhane est calme. Hormis le vacarme du marché, il règne une quiétude totale. Les hautes herbes bordant les chemins de la ville et le gazouillis des oiseaux font oublier le vacarme de Dakar, la capitale.