Jusqu’avant le premier remaniement ministériel opéré par Macky Sall, les relations entre les deux hommes, bien que tendues, n’avaient pas atteint la ligne rouge. Mais, le coup de téléphone du Premier ministre Abdoul Mbaye, lui annonçant son limogeage, alors qu’il était à la Mecque, a mis le feu aux poudres.
La confidence gardée jusqu’à un passé récent par ses proches a fini maintenant de se dévoiler au grand public. En effet, le premier ministre des Affaires Etrangères du magistère de Macky Sall ne pardonnera jamais à celui qui est devenu son ennemi politique. «J’étais en plein pèlerinage à la Mecque, quand le Premier ministre Abdoul Mbaye m’a appelé pour me signifier qu’un remaniement est intervenu et que je ne faisais plus partie de l’attelage qu’il dirigeait. J’ai immédiatement rendu grâce à Dieu, eu égard au milieu où cette information m’a trouvé. J’ai immédiatement demandé à mes proches de faire leurs valises, prenant cette décision avec beaucoup de philosophie», avait confié Alioune Badara Cissé à ses plus proches collaborateurs, amis et sympathisants quelques mois après son éviction du gouvernement. Toujours dans ses confidences, il avait laissé entendre : «Ce qui m’a plus intrigué dans cette affaire, ce n’est pas mon limogeage en tant que ministre, mais la manière. J’ai été un collaborateur de première heure, des années durant, au moment où il n’était pas évident de cheminer avec Macky Sall, encore moins être un de ses proches. Aussi, devait-il prendre la peine d’entrer en contact avec moi, au lieu de passer par une tierce personne, fut-elle chef du gouvernement. Je ne lui pardonnerai cela.» En effet, simple coïncidence ou pas, en tout cas, le sort politique qui s’abat sur l’enfant de Saint-Louis n’est pas du tout enviable. Son limogeage de la tête de la coordination nationale de l’Apr a encore trouvé Alioune Badara Cissé hors du pays.
Un électron libre ?
Accusé de se montrer souvent très critique dans ses sorties et ramant même à contre courant des décisions de ses camarades, notamment, de son leader de Président, pourtant certains observateurs jugent qu’ABC méritait un sursis dans les formes, à savoir une convocation, une audition puis un verdict. Même ayant gelé toutes activité politique, hormis la massification de l’Apr qui l’a conduite dans nombre de régions du pays, mais surtout en Europe, Abc était, jusqu’à ce mercredi 6 novembre 2013, membre à part entière de l’Apr. Désormais, force est de constater qu’avec son limogeage de son poste ô combien stratégique, pour sa survie politique à l’Apr, Alioune Badara Cissé pourrait voler de ses propres ailes. Soit créer un courant au sein du parti, soit rester un simple militant, c'est-à-dire un électron libre dans un parti où les ambitions des uns et des autres en direction des locales du mois de juin sont immenses. La première hypothèse semble être la plus plausible. Des voix venant de ses proches, amis et sympathisants, entre autres, se sont élevées. Si les moins téméraires demandent au chef de l’Etat, par ailleurs, Président de l’Apr, de revoir sa copie, les plus réfractaires exigent tout simplement son départ du parti dont il est un des membres fondateurs, pour créer sa propre formation politique.
«Abécédaires de l’Apr»
Pourtant, Alioune Barada Cissé s’est préparé à cette éventualité, au point de recevoir des foudres venant du parti présidentiel. En dépit des désapprobations et autres mises en garde du Palais, il a renoué avec les meetings «non cautionnés» par la direction de l’Alliance pour la République (Apr). Quelques mois après sa tournée européenne qui a fait tant jaser, le désormais ex-coordonnateur national du parti au pouvoir a remis ça. Il était l’invité «spécial» de son mouvement de soutien créé à Paris, pour animer un meeting à Saint-Etienne, le 1er novembre dernier. Considérée comme un «évènement majeur», cette rencontre a vu la participation de responsables et militants Apr de France, d’Espagne, d’Italie, du Canada et de la Grande Bretagne. Après l’Europe, ABC était, en mai dernier, en meeting au sud pays. Après un premier séjour en Europe, il avait fait le tour des régions méridionales du Sénégal. Lors de cette tournée politique dite de massification de l’Apr, l’ancien ministre a drainé des foules à Ziguinchor, Sédhiou et Kolda, accompagné de Serigne Bassirou Mourtada, petit frère de Serigne Mame Mor Mbacké et président de la Fondation Abreuvoirs limpides. Partout où ils sont passés, Abc et sa suite ont rendu visite aux maires et Pcr libéraux. Allez savoir de quoi ils ont eu à parler.