Tendre la sébile est un fait habituel que l’on voit tous les jours dans les rues sénégalaises. L’interdire et mettre en œuvre des solutions de nature politique, culturelle, religieuse, éducative ou familiale, c’est le défi que les associations de droits de l’Homme lancent aux gouvernants.
‘’Doyna’’ Stop à la mendicité des enfants’’, c’est le thème de la marche de sensibilisation organisée hier soir par le Collectif de Citoyens Sénégalais et d’Associations de défense des droits des enfants, à Dakar. ‘’Stop à la souffrance des enfants mendiants’’ ; ‘’La protection de l’enfant est un droit’’ : tels sont les slogans scandés par les dizaines d’élèves qui ont manifesté de la place de l’obélisque à la RTS.
Sous l’ombrage des cocotiers qui encerclent ce lieu imposant, Mohammed Ka, 9 ans, élève en classe de CE2, à la mine émaciée et au visage pâle, décrit tant bien que mal l’objectif de sa présence. ‘’Il faut dire aux parents de respecter les droits’’, fulmine-t-il. Son camarade d’école au regard maussade lui emboite le pas avec une voix juvénile : ‘’l’Etat doit prendre des mesures concrètes’’, lance-t-il.
Quelques minutes plus tard, c’est le début de la marche. Les vrombissements des voitures et les sifflets stridents des manifestants se mélangent aux messages véhiculés par l’égérie de cette protestation verbale et physique. Présidente de l’association, éditrice de Diasporas Noires, Hulo Guillabert, à la prestance moyenne et aux cheveux bien nattés, décline l’attitude que doit adopter le gouvernement. ‘’L’Etat a l’obligation de protéger les plus faibles dans la société et ce sont les mômes’’, clame-t-elle. Sac à la main et à l’allure vive, elle estime que ces enfants sont l’avenir de notre pays. ‘’En les abandonnant à eux-mêmes, c’est notre avenir que nous hypothéquons’’, révèle-t-elle.
Sous ce soleil au zénith, les forces de l’ordre encadrent la foule et régulent la circulation sur l’artère principale (boulevard du centenaire). A l’arrivée du rond-point de la BCEAO, l’effervescence monte crescendo rythmée par un troubadour qui lance des objets alternativement et qui s’entrecroisent dans leur trajectoire. Le musicien Abdou Guité Seck, trottinant sur le trottoir, a participé à la manifestation. En tant qu’artiste, il prête sa voix, son cœur et son énergie, afin de lutter contre ce fléau. C’est une obligation pour lui de faire un plaidoyer pour les enfants et d’insister sur le devoir de responsabilité des parents. Son t-shirt porte l’effigie : ‘’Stop à la mendicité des enfants’’.
A la suite de l’artiste, Woré Touré et Khady Ndongo, élèves en classe de quatrième secondaire à l’école Manguier, abondent dans le même sens. A leur avis, les écoles et les centres de formation professionnelle peuvent être des mesures alternatives pour les enfants mendiants.